LittératureRomans québécois
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«Bonheur d’occasion» de Gabrielle Roy – Boréal – Roman
Tel que formulé en couverture de cette édition, le roman Bonheur d’occasion, écrit par la Manitobaine d’origine Gabrielle Roy, est sans doute «le classique par excellence du roman québécois».
Publié pour la première fois en 1945, il nous plonge au cœur de la période de la Deuxième Guerre mondiale de 1939-1945, dans le quartier ouvrier de Saint-Henri, à Montréal. On suit plusieurs personnages aux prises avec diverses préoccupations relatives à leurs conditions de vie, mais qui convergent vers une même quête: celle du bonheur.
L’hiver québécois mêlé aux effluves de «mélasse chaude, du tabac, dans le relent des fruiteries, dans la vibration des trains» et au parler caractéristique des Montréalais de l’époque y sont dépeints de manière organique et poétique.
Enfin, le thème au cœur de ce roman urbain est la misère et la pauvreté, de même que la lutte vaine pour s’en sortir. C’est ainsi que le personnage de Jean, songeur, «port[e] un regard sur la masse sombre des toits qui cach[ent] chacun sa part de rêve et de misère».
Dans ce roman, j’oserais affirmer que la Ville de Montréal occupe pratiquement une place à titre de «personnage». Et vous, qu’en pensez-vous?
«Chroniques du Plateau-Mont-Royal» de Michel Tremblay – Leméac – Roman
Les Chroniques du Plateau-Mont-Royal, entamées en 1978, regroupent plusieurs histoires qui reprennent des personnages du «cycle» des Belles-Sœurs du romancier et dramaturge Michel Tremblay. Chaque chronique aborde un aspect du Montréal des années 1940 et de l’après-guerre, et plus spécifiquement du quartier populaire de l’est de Montréal, soit le Plateau-Mont-Royal.
Parmi les sujets abordés, on compte celui d’un établissement scolaire des années 40, dirigé par des religieuses, celui du show-business montréalais de l’après-guerre, ainsi que les enjeux qui émergent des relations humaines dans un quartier ouvrier à l’époque, le tout dans une narration et un langage coloré et familier.
Bien accompagné par la plume de Tremblay, on ne peut que s’attacher coûte que coûte à ces personnages et à ces histoires qui regorgent d’humanité.
«Le Matou» d’Yves Beauchemin – Québec Amérique – Roman
Publié pour la première fois en 1981, Le Matou nous plonge dans les rues, les cuisines et les magouilles de malins personnages. Florent, un jeune homme plein d’ambition, fait la rencontre d’un homme mystérieux et insaisissable du nom d’Egon Ratablavasky, qui lui offre une opportunité de rêve: l’acquisition du restaurant La Binerie Mont-Royal. La prise de possession du restaurant aura tôt fait de l’enliser, lui est ses camarades, dans un enfer duquel il tentera de s’échapper…
Ce qui fait la beauté de ce roman, qui fut l’objet d’une adaptation filmique réalisée par Jean Beaudin et sortie en 1985, c’est son écriture sensible et vivante qui nous fait voir, entendre et sentir les lieux, les échanges et les montagnes russes d’émotions de ses personnages aussi grands que nature. De plus, cette dernière accorde une place de choix à la métropole, dépeinte en toile de fond. Le Matou est une escapade à pieds, en char et en intrigues d’un Montréal bien incarné!
Enfin, si on prend un recul face à ces trois présentations sommaires d’œuvres littéraires qui intègrent à leurs récits la Ville de Montréal, on constate et on comprend mieux l’importance, au niveau de l’imaginaire collectif, de cette métropole, en plus de réaliser à quel point cette dernière a inspiré les écrivains d’hier, et à quel point elle inspire encore ceux d’aujourd’hui, et ce, de manière bien différente.