«Nigrida» de Mikhaïl W. Ramseier – Bible urbaine

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«Nigrida» de Mikhaïl W. Ramseier

«Nigrida» de Mikhaïl W. Ramseier

Une chasse aux trésors épique?

Publié le 27 mars 2012 par Éric Dumais

Crédit photo : Coups de tête

Ancien journaliste russe converti en écrivain français loquace, Mikhaïl W. Ramseier, qui n’a rien d’un Yvan Tourgueniev, s’est lancé dans la chasse aux trésors et la piraterie avec un roman d’aventures alternant cryptogrammes et suspense, dans le décor exotique et enchanteur du Madagascar.

L’an dernier, Mikhaïl W. Ramseier s’était lancé dans le développement d’une histoire réaliste à donner froid dans le dos: une femme clandestine russe entre par effraction dans une demeure privée et est retrouvée morte sur le parquet de la salle de bains par Zénobe, le propriétaire des lieux. Cette sordide histoire constituait le sujet d’Otchi Tchornya (2010), son dernier roman paru aux éditions Coups de tête. Avec Nigrida, Mikhaïl W. Ramseier a changé d’air et opté pour le roman d’aventures que l’on déguste en vacances dans le Sud, à l’ombre d’un palmier.

Avachi à une table d’un bistrot, Edmond, un vieillard défraîchi, lorgne une pile de papiers qu’il se plaît à trier et griffonner, un peu comme si sa vie en dépendait. Au loin, Hippolyte, un gars plutôt correct, ni macho ni charmeur, l’observe d’un air louche mélangeant à la fois la curiosité et l’ahurissement. Homme taciturne et bizarroïde, Edmond n’est pas le genre de personnage à passer inaperçu. Au contraire, tout le monde le connaît ici, sauf peut-être Hippolyte, assureur de métier, qui est au Madagascar afin de rencontrer un client potentiel. Son séjour, en apparence idyllique, se transformera en périple de plusieurs semaines puisqu’un beau jour, Edmond s’effondre par terre, raide mort, laissant derrière lui lettres, objets de valeur et demeure coquette à Isoraka. Très rapidement, Norge, Thierry, Lisa et Dieudonnée, des gens rencontrés au hasard, aideront Hippolyte à se charger des droits de succession du vieillard puisqu’il ne semble pas avoir de famille proche, outre une fille dans la trentaine, Geneviève, établie en France depuis belle lurette. Les protagonistes se rendront rapidement compte que la paperasse du vieil Edmond renferme un trésor inestimable. Seront-ils en mesure de décoder les correspondances et de mettre le grappin sur un trésor ayant jadis appartenu à des… pirates?

Nigrida s’apparente davantage à un roman d’aventures bon marché qu’à un best-seller scientifique parmi lesquels on peut ranger les romans épiques de Dan Brown et Mario Hade, un écrivain bien de chez nous. Le douzième roman de Mikhaïl W. Ramseier tend en effet à accumuler les discussions soporifiques entre les personnages au détriment d’un suspense haletant. Le style d’écriture, toujours très souple et dégourdi, met de l’avant un vocabulaire typiquement parisien et un humour français ayant depuis longtemps fait la marque de l’auteur. Par contre, l’unique bémol qui avait plané tel un ombrage sur Otchi Tchornya s’est malheureusement répété dans ce cas-ci. Le sujet est somme toute bouillonnant d’action, les protagonistes, toujours prêts à épater la galerie avec une rafale de péripéties et de pirouettes romanesques, mais le récit, malheureusement, piétine dans l’immobilisme. Plutôt que de nous offrir une histoire poignante alternant balades corsées en forêts tropicales et hautes mers, l’action stagne dans l’étude des lettres du vieillard, dont plusieurs n’apportent aucun indice quant à l’évolution de l’intrigue. Évidemment, tableaux et cryptogrammes sont au rendez-vous, mais l’information est nettement moins alléchante que celle de Da Vinci Code ou Anges et Démons.

Mikhaïl W. Ramseier ne signe peut-être pas son meilleur roman à ce jour, mais, malgré son dépouillement romanesque et son manque de conviction, Nigrida demeure néanmoins une lecture de chevet que tout amateur de romans d’aventures saura apprécier.

Si vous avez envie de lire les deux premiers chapitres, cliquez juste ici.

«Nigrida»
Coups de tête
454 pages

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