«Newton - La science du complot» de Matthew Farnsworth – Bible urbaine

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«Newton – La science du complot» de Matthew Farnsworth

«Newton – La science du complot» de Matthew Farnsworth

Un voyage historique, scientifique et instructif dans l’Angleterre du 17e siècle

Publié le 4 décembre 2012 par Evelyne Ferron

Crédit photo : Québec Amérique

Un roman historique situé dans l’Angleterre de Charles II, époque trouble qui faisait suite à une guerre civile, marquée par les guerres de religion, par des réflexions sur le droit et la justice, par des relations diplomatiques européennes complexes et par la continuité du progrès amorcé pendant la Renaissance. Des progrès qui allaient en partie expliquer pourquoi ce royaume allait être le chef de file de la révolution industrielle moins de deux cents ans plus tard. Telle est la trame de fond qui a servi de canevas à un roman ambitieux et surtout rare dans la littérature québécoise. Matthew Farnsworth (nom de plume), montréalais, docteur en génie électrique, travailleur et surtout chercheur dans le domaine des pâtes et papiers, délaisse ici l’écriture souvent aride des articles scientifiques pour le roman historique-scientifique mettant en vedette nul autre qu’Isaac Newton.

Qu’est-ce que la matière? Question qui avait pour corollaire: qu’est-ce que le vide? Voilà les sujets qui préoccupaient Isaac à cet instant même. Et qui exigeaient toute son attention. C’était la seule façon de faire avancer les choses. Discipline et persévérance. Il en avait été ainsi lorsqu’il avait repoussé les limites des sciences mathématiques et il en serait ainsi pour cette nouvelle question.

Le roman nous présente d’entrée de jeu un jeune Isaac Newton, chercheur et professeur plus ou moins connu de l’Université de Cambridge qui, notamment grâce à son mentor Isaac Barrow, parvient à joindre la Société Royale (dont le vrai nom était «The Royal Society of London for Improving Natural Knowledge»), association scientifique secrète qui en était à ses balbutiements dans la deuxième moitié du 17e siècle. D’emblée, l’auteur nous le présente comme un homme réfléchi, qui a besoin de la philosophie pour persévérer dans ses recherches scientifiques qui portent sur cette obscure science qu’on appelait l’alchimie et qui n’était pas bien vue des grands réseaux intellectuels et universitaires de l’époque.

Ses recherches l’amènent à chercher et consulter de vieux manuscrits ou de vieux traités scientifiques et c’est en complétant une transaction pour obtenir ce genre de document que Newton sera dès lors mêlé à une histoire de complot pour assassiner le roi d’Angleterre Charles II (roi de 1660 à 1685). Travaillant de concert avec le jeune astronome Edmond Halley (cet homme qui est connu entre autres pour avoir compris le cycle orbital de la comète qui porte aujourd’hui son nom), Newton tentera d’empêcher la réalisation de ce complot d’assassinat… grâce à la science.

Le résultat est donc un roman qui joue avec plusieurs degrés de complexité. Ce dernier met en scène une pléiade de personnages (réels ou fictifs) propres à ce genre de littérature, mais nous confronte aussi constamment à des événements historiques et politiques, de même qu’à une multitude de données et d’informations scientifiques, philosophiques et religieuses. L’Europe de l’époque est effectivement divisée par des guerres de religion opposant surtout catholicisme et protestantisme.

Pour parvenir à aider le lecteur à bien suivre la trame narrative et historique peu importe son niveau de culture générale, il fallait un plan divisé avec structure. Matthew Farnsworth a par conséquent choisi une division en chapitres lui permettant de placer les personnages dans leur contexte historique et géographique. Le roman part de septembre 1675 au 6 février 1685 et chaque chapitre est non seulement positionné dans le temps, mais aussi dans l’espace. À titre d’exemple, un chapitre nous ouvre une fenêtre sur le travail de Newton dans son laboratoire, alors qu’un autre nous permettra de comprendre le complot qui se trame en direct de Versailles. Pour éviter la confusion, les personnages sont présentés à la troisième personne, mais les dialogues sont suffisamment nombreux pour qu’on ait une idée assez claire de leur personnalité. Comme le roman jongle avec un nombre assez significatif de données, l’auteur n’hésite pas à compléter certaines informations avec des notes de bas de page explicatives pertinentes et parfois même avec des schémas scientifiques!

Le style d’écriture est grand public, agréable malgré les données utilisées, mais les dialogues ont cependant une tendance à être un peu rigides, ce qui nuit occasionnellement à l’humanisation de certains personnages. L’auteur a par contre eu l’heureuse idée de joindre une annexe scientifique et surtout une section « vérités et mensonges » qui est très intéressante, mais peut-être un peu courte vue la quantité de détails de toutes sortes dans le roman.

Mais la force de ce roman réside clairement dans cet habile mélange de contextes historiques, scientifiques, philosophiques et politiques. Un style qui n’est pas sans rappeler C. J. Samson. Tout en restant un divertissement, il s’agit d’une lecture très instructive pour tous ceux et celles qui ont un intérêt pour l’histoire de l’Angleterre. Ceux et celles dont les connaissances sont solides en histoire enrichiront leurs connaissances scientifiques et vice-versa. Il s’agit donc d’un roman à lire alors qu’il nous reste un certain degré de concentration! Un très beau cadeau à offrir pour le temps des Fêtes à quelqu’un qui aime apprendre tout en se divertissant!

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