LittératureBandes dessinées et romans graphiques
Crédit photo : Ta Mère
Véritable charme pour le regard et poison pour la pudeur littéraire, Ménageries est un conte urbain singulier et fort original. Présenté en quatre volets, donc en quatre histoires différentes sans lien apparent (Cougar, Porc, Grizzly et Licorne), Ménageries est un conte pour adultes où «quatre beaux animaux racontent leurs aventures où la soif de sexe, de sang et d’orgueil transforme les villes en zoo et l’homme en bête féroce», comme il est si bien énoncé sur le quatrième de couverture.
Illustrées grossièrement par la main habile de Benoit Tardif, les histoires revêtent un caractère plus «bande dessinée» qui aide à la compréhension des scènes, mais aussi à intensifier l’aspect humoristique et absurdes de chaque histoire.
Cougar, c’est l’histoire d’un hockeyeur junior très talentueux qui connaît une chute vertigineuse (ainsi qu’une bouche édentée suite à un combat sur la glace), après avoir couché avec une femme qui entretenait des relations un peu trop étroites avec les joueurs de l’équipe adverse. S’ensuit un tourbillon de péripéties toutes aussi rocambolesques les unes que les autres qui vous aideront à penser à deux fois avant de commettre une niaiserie irréparable.
Il est difficile de mettre le doigt sur le bon mot lorsqu’il est temps de qualifier la plume habile et hilarante de Jean-Philippe Baril Guérard, qui signe ici un livre tordant à lire et relire jusqu’à épuisement. Et ce n’est pas fini!
Porc relate les aventures impossibles d’une jeune femme de St-Hyacinthe, laide et obèse de surcroît, qui apprend à ses dépens qu’une baignade nocturne dans la Yamaska peut s’avérer plus dangereuse qu’une baise d’un soir sans préservatif. Encore une fois, le ton est provocateur, la langue, sale, et l’humour salace toujours au rendez-vous.
Grizzly est probablement le récit le plus tordu du recueil, puisqu’il est question du Village, des homosexuels, du VIH, du GHB et du Black Eagle. Un bear séropositif tombe amoureux d’un jeune esthète musclé et stylé qui ignore que ce dernier est atteint du VIH. Le grizzly, comme un gros perdant sans bon sens, dissimulera ce détail, genre fondamental, juste pour arriver à ses fins. Inutile de vous dire que vous n’avez encore rien vu.
Licorne, au final, c’est l’histoire d’une jeune femme de Victoriaville qui se fait voler son chum par une barmaid plantureuse répondant au nom de Marilyn Morin. Et, petit détail plutôt important, Marilyn compte se faire grossir les seins dans une semaine, ce qui propulse le score à 1-0 pour Marilyn. Mais la licorne n’est pas le genre de fille à se faire manger l’herbe sur le dos et c’est pourquoi elle tentera le tout pour le tout pour récupérer son copain déjà épris de la belle de l’Évaz.
«Ménageries» est une pièce et un conte pour adultes que vous devez absolument vous mettre sous la dent si vous avez envie de vous dilater la rate un bon coup. Fous rires garantis ou argent remis (mettons). Mais détrompez-vous, malgré les illustrations quelque puériles, on est à des années-lumière des contes de Disney.
Pour ceux qui ont manqué la pièce, qui avait lieu à la Balustrade du Monument-National lors de la plus récente édition du Zoofest, rendez-vous juste ici pour lire la critique de notre collaboratrice Justine Boutin-Bettez.
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