«Marguerite Porète, l'inspiration de maître Eckhart»: féministe 700 ans avant son temps – Bible urbaine

Littérature

«Marguerite Porète, l’inspiration de maître Eckhart»: féministe 700 ans avant son temps

«Marguerite Porète, l’inspiration de maître Eckhart»: féministe 700 ans avant son temps

Publié le 8 juin 2012 par Josée Paquet

Reportons-nous au XIIIe siècle, en pleine Inquisition. Les inspecteurs sont partout, tout le monde a peur de se faire dénoncer par son voisin. Pour ceux qui connaissent un tant soit peu cette période, vous savez que la plupart des aveux d’hérésie étaient obtenus sous la torture, que les gens soupçonnés finissaient par avouer leurs supposés torts et ne demandaient qu’une chose, qu’à finir sur le bûcher, afin que cesse la souffrance dont ils étaient victimes par les Inquisiteurs.

Plusieurs groupes ont été déclarés hérétiques et étaient activement recherchés par les Inquisiteurs; parmi eux, les Dolciniens et les béguines, groupe de femmes avec à leur tête Marguerite Porète, née entre 1250 et 1260 a été l’une des plus ardentes (sans jeu de mots avec le bûcher) défenderesses des libertés de pensée de son époque, promouvant un «féminisme célébrant la vie, sans doute le premier féminisme organisé et militant d’Occident» (Jean Bédard). Elle a été évidemment déclarée hérétique par les Inquisiteurs et était la personne dangereuse par excellence. Elle a fait trembler des rois et des papes tant son influence était immense, sur le peuple et sur les penseurs de l’époque, dont le Dominicain Eckhart von Hochheim, philosophe et fondateur de la théologie eckhartienne. Elle a évidemment fini ses jours sur le bûcher en 1310. C’est son histoire qui a été racontée par la plume de Jean Bédard, Marguerite Porète, l’inspiration de maître Eckhart.

L’écriture, fluide, nous en apprend davantage sur cette période sombre de notre histoire, sans tomber toutefois dans l’écrit didactique. Les personnages sont attachants et possèdent, malgré la tourmente dans laquelle ils évoluent, une candeur qu’on leur envie. Même si elle doit sans cesse fuir les Inquisiteurs, la petite communauté qui gravite autour de Marguerite Porète tente tant bien que mal de mener une vie normale en faisant une relative abstraction des événements qui les entoure.

Nous partageons leurs joies, leurs peines, leurs désillusions; l’auteur a bien réussi à écrire un roman historique, où les faits authentiques sont savamment dosés avec un mélange d’amour, de partage et, malheureusement, d’atrocités typiques à l’Inquisition. À lire, si vous aimez les romans biographiques qui ne sont pas trop «lourds».

Appréciation: ****

Crédit photo: VLB Éditeur

Écrit par: Josée Paquet

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