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Patrick Senécal, grand maître de la littérature d’horreur au Québec, s’est largement démarqué au cours des dernières années avec ses romans à succès Sur le seuil, Le vide, Hell.com et Contre Dieu. Plus récemment, l’auteur, originaire de Drummondville, a récidivé avec Malphas-1. Le cas des casiers carnassiers, le premier tome d’une nouvelle série «trash».
Patrick Senécal nous transporte cette fois-ci à Saint-Trailoin, une petite ville éloignée du Québec, où Julien Sarkozy, professeur de littérature dans la trentaine, déménage par pure obligation professionnelle. Le protagoniste, nouvellement divorcé, a beau posséder 14 ans d’ancienneté, il n’en demeure pas moins que les conséquences de ses actes l’ont rapidement rattrapé. Et ce n’est pas comme s’il avait le choix, car après tout, aucune institution scolaire, mise à part le cégep de Malphas, n’a voulu de lui après ce qu’il a commis à Drummondville. Réintégrant ainsi ses anciennes fonctions dans une toute nouvelle région, Julien Sarkozy, tel un nouveau-né qui découvre le monde, apprivoise tranquillement son environnement en faisant la rencontre de ses nouveaux collègues (Zazz, Mortafer, Valaire, Rachel, Mahanaha et Poichaux), de ses élèves (tous en difficulté d’apprentissage) et des environs (majoritairement des bars crades et peu reluisants). Il y a cependant un je-ne-sais-quoi de dérangeant à Saint-Trailoin, voire une sensation indescriptible, un peu comme si un voile maléfique planait autour de la ville. Et le plus étrange, c’est que les cours sont à peine commencés et, déjà, des choses horribles se trament dans les couloirs du cégep…
Un peu comme Stephen King aux États-Unis, Patrick Senécal est devenu une référence de choix dans le domaine de la littérature d’horreur au Québec. Depuis 5150, rue des Ormes, son premier roman (1994) jusqu’à Contre Dieu (2010), son dernier petit bijou, l’auteur n’a jamais cessé d’être admiré par le public et les médias pour son imaginaire débridé et son style d’écriture accrocheur et excessivement cru. Dans Malphas-1. Le cas des casiers carnassiers, Patrick Senécal renoue avec les mécanismes de l’horreur, notamment les ambiances glauques et les personnages étranges, en jonglant avec une bonne dose d’humour sarcastique à laquelle nous n’avions jamais goûté auparavant. L’humour et le sarcasme sont à ce point au rendez-vous qu’il est pratiquement impossible d’être perturbé à la lecture de ces pages, plus humoristiques que jamais!
La qualité première de Patrick Senécal, c’est sa capacité à manier habilement la langue française, de sorte qu’il réussit, par le biais d’un humour décapant et d’une critique sociale incisive, à critiquer notre société moderne telle qu’elle est. En effet, Senécal ne se gêne pas pour donner sa propre opinion face aux changements de programmation des émissions culturelles à Radio-Canada, au contenu peu enviable des émissions présentées à V, à l’incompétence de certains enseignants du niveau collégial et à l’organisation un peu «broche à foin» de la plupart des collèges du Québec. Si l’humour est un élément auquel l’auteur nous avait peu habitués dans le passé, les références sexuelles crues et explicites n’ont pas pour autant pris le bord. Et soyez rassurés, même si ce nouveau roman s’adresse davantage à de jeunes adolescents avertis, l’auteur n’a pas du tout délaissé son amour pour les scènes pornographiques «hard».
Le premier tome de la série Malphas est, somme toute, un ouvrage fort réussi qui nous présente un Patrick Senécal en parfaite maîtrise de son art. Les amateurs y reconnaîtront son style habituel, et seront à coup sûr ravis de découvrir son humour noir et décapant.
Patrick Senécal sera présent au Salon du livre de Montréal les 18, 19 et 20 novembre afin de présenter ses plus récents romans, Madame Bagnole, Contre Dieu et Malphas-1. Le cas des casiers carnassiers. Pour plus d’information, visitez le www.salondulivredemontreal.com.
Appréciation: ****
À consulter si vous aimez les romans de Patrick Senécal:
- Malphas – 2. Torture, luxure et lecture (Alire, 2012)
- Malphas – 3. Ce qui se passe dans la cave reste dans la cave (Alire, 2013)
- 15 minutes (Série: L’Orphéon, VLB)
Crédit photo: Karine Patry
Écrit par: Éric Dumais