«Lumière dans une maison obscure» de Jan Costin Wagner – Bible urbaine

LittératurePolars et romans policiers

«Lumière dans une maison obscure» de Jan Costin Wagner

«Lumière dans une maison obscure» de Jan Costin Wagner

La mélodie du désir

Publié le 7 janvier 2013 par Éric Dumais

Crédit photo : Actes Sud

Lorsque Larissa, l’énigmatique conjointe de l’inspecteur de police de Turku Kimmo Joentaa s’absente de la maison, elle prend la peine d’allumer les lumières et, lorsqu’elle est là, seule au milieu du salon, mi-amusée, mi-déprimée, l’obscurité règne telle une ombre spectrale dans la pièce, comme si la vie avait tranquillement quitté son corps. Lorsque Joentaa se réveille, au lendemain d’une fête d’anniversaire chez Nurmela, le commissaire en chef, il comprend en voyant le flot de lumières dans la maison que Larissa a disparu et que cette fois-ci elle ne reviendra peut-être pas.

À mesure que le souvenir de Larissa s’estompe dans sa mémoire, Kimmo Joentaa jongle avec l’idée qu’elle est peut-être partie à jamais, tout en essayant de résoudre une enquête pour le moins coriace. Alors que sa conjointe, dont il ignore le nom et la profession, a levé les voiles un beau jour, une femme à l’identité inconnue a été retrouvée inconsciente dans un fossé et transportée dans un hôpital de Karjasaari, une petite ville de la Finlande, où elle repose, comateuse. Mais le plus étonnant dans cette histoire c’est que la femme-mystère, quelques jours plus tard, est retrouvée morte dans sa chambre d’hôpital, et les seules traces visibles prouvant hors de tout doute qu’elle a été assassinée sont les traces de larmes retrouvées sur les couvertures. Ainsi, l’assassin a fait basculer la femme dans le mort, mais plus étrange encore, il a pleuré son geste fatidique. Très rapidement, Kimmo Joentaa va devoir faire le deuil de Larissa, afin de se concentrer sur un meurtre qui semble selon toute vraisemblance relié à d’autres assassinats en cours, comme si un meurtrier tentait à tout prix de faire disparaître des témoins dérangeants d’une histoire gênante. La disparition de Larissa, qui a laissé toutes lumières allumées avant de partir, était-elle révélatrice du fait que Joentaa va devoir faire la lumière sur cette série de meurtres plus étranges les uns que les autres?

Lumière dans une maison obscure est un roman policier rythmé par la voix du présagé meurtrier, qui livre des extraits de son journal intime, et l’enquête actuelle de l’inspecteur de police et de ses collègues, Seppo, Westerberg, Sundström et Grönholm, dont les indices retrouvés lentement mais sûrement viennent s’ajouter aux détails entraperçus dans la confession épistolaire. La forme narrative est d’emblée intrigante, puisque plusieurs voix se partagent l’avancement du récit, lequel progresse au gré des révélations et péripéties rencontrées. Si Jan Costin Wagner livre ici un roman policier noir et captivant, bercé çà et là par des phrases parfois inachevées, desquelles les articles et les verbes ont été effacés pour livrer une action brute, le seul hic réside dans la révélation de certains indices dont le surgissement semble quelque peu tiré par les cheveux. En effet, certains témoins importants dans l’enquête vont se rappeler d’infimes détails ayant eu lieu vingt-cinq ans plus tôt, ce qui est quelque peu étonnant, avouons-le. Outre ces légères lacunes, qui n’alourdissent en rien notre appréciation de l’histoire, Lumière dans une maison obscure est un roman qui se savoure rapidement, dans la lumière ou la pénombre, pourvu que vous ayez du plaisir à le lire, cher lecteur.

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