«Lorsque le coeur est sombre» de Gilles Archambault – Bible urbaine

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«Lorsque le coeur est sombre» de Gilles Archambault

«Lorsque le coeur est sombre» de Gilles Archambault

Aime-moi avant que tout ne s'arrête

Publié le 26 février 2013 par Annie Lafrenière

Crédit photo : Éditions du Boréal

Le 32e roman de Gilles Archambault, Lorsque le cœur est sombre, nous arrive quatre ans après la parution de Nous étions jeunes encore (Éditions du Boréal, 2009), œuvre attachante traitant du désenchantement mais aussi de la beauté vibrante de toute existence humaine qui s’achève.

Le thème du vieillissement revient dans Lorsque le cœur est sombre, roman-théâtre aux chapitres brefs et sans fioritures se lisant d’un seul souffle. Une trame de fond: un souper au restaurant devant réunir cinq amis de longue date. Cinq personnages, de 35 à 82 ans, nous livrant tour à tour leurs réflexions et leurs appréhensions face à ces retrouvailles impromptues.

Ghislain, vieux comédien solitaire dont la carrière autrefois brillante n’est plus qu’un souvenir doux-amer, se met dans la tête de réunir quelques amis pour un repas au restaurant. Sont invités: Marie-Paule, son ancienne compagne que l’on devine toujours amoureuse; Yves, romancier flegmatique menant une vie sans surprises; Luc, chômeur de 42 ans à la détermination usée, et Annie, croqueuse d’hommes au caractère bouillonnant.

Au cours d’une seule journée dont l’action pivote autour du souper de retrouvailles, chaque personnage se trouve en proie à une introspection angoissante. C’est le rapport à soi et aux autres, le qu’en-dira-t-on, les perceptions souvent fausses qu’ils entretiennent qui alimentent les questionnements. Comment survivre en société? Que dois-je montrer de moi, et dire? Certains se résignent à mentir: «Si on me demande ce que je fais dans la vie, je finirai par dire que j’écris un roman. Ça impressionne.» D’autres optent pour une stratégie défensive: «En tout cas, je ferai tout pour que Luc soit à mes côtés.» Mais toujours cette zone d’ombre et de lumière dans l’esprit de chacun, qui les fait tantôt se craindre, tantôt s’apprécier.

Le rapport au travail et à cette vieillesse que Ghislain personnifie avec une effrayante vérité sont également des thèmes omniprésents. Mais ce qui colore et tisse les liens des personnages entre eux est assurément l’amour, puisque, comme le dit lui-même l’auteur: «Il n’y a pas de bonheur possible, il n’y a pas de vie possible sans amour.»

Le plus grand attrait de ce roman, outre les personnages bien définis et d’une profondeur déchirante, est sans aucun doute le fait que nous ayons accès à la pensée et au regard de chacun sur un même événement. La divergence inévitable des points de vue et des émotions enrichit le texte au possible et lui confère une beauté unique, toute en nuances et en contrastes.

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