«Les verrats»: entrevue dans le blanc des yeux avec Edouard H. Bond – Bible urbaine

Littérature

«Les verrats»: entrevue dans le blanc des yeux avec Edouard H. Bond

«Les verrats»: entrevue dans le blanc des yeux avec Edouard H. Bond

Publié le 14 août 2012 par Éric Dumais

Le roman Les verrats est le dernier-né d’Edouard H. Bond, un auteur montréalais qui n’a pas toujours eu la langue dans sa poche. À noter que certains propos pourraient choquer les plus sensibles, mais tu auras au moins été avertis, cher lecteur.

Le narrateur de ton roman, David, est un jeune adolescent homosexuel de 15 ans. Pourquoi avoir pris l’initiative de nous raconter l’histoire par le biais d’un jeune homme toujours pas sorti du placard? Était-ce un plaisir sadique ou une touchante attention de ta part?

En fait, tu parles de ta perception personnelle de David. Pour moi, David est bisexuel, and it’s no big deal. Il ne se questionne jamais sur son identité sexuelle — il est au sexe that’s it that’s all. Il tripe sur les GROS DJOS de telle ou telle fille, pis il tombe amoureux gaga de Gabriel, le grand frère de son ami.

Gabriel aurait aussi bien pu être Gabrielle, mais j’ai choisi un adolescent bisexuel comme personnage principal parce que j’avais envie d’un kid qui, éduqué hardcore sur Internet, avait une sorte d’ouverture d’esprit, ou du moins, une ouverture aux expériences.

Qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire un roman adolescent cru comme celui-ci? Avais-tu le goût de mettre, après deux romans particulièrement sanglants, les meurtres un peu de côté?

Je me suis écœuré de faire du trash. Surtout qu’aujourd’hui, ça ne veut p’us dire grand chose «faire du trash» t’sais. On crie au trash pour n’importe quoi: c’est joual ou franglais, c’est trash; y a une passe de sexe anal, c’est trash; une tête qui roule sur une planche beurrée de sang, c’est trash. C’est rendu chic de «faire du trash». C’est même rendu un hostie d’argument de vente pour des œuvres qui ne sont pas pantoute trash. Irrévérencieuses, oké, mais pas fuckin’ trash pour deux cennes.

Comprends-moé, j’aime le trash. Cependant, si tu me vends de quoi en me disant que ce l’est, c’est bin mieux de crissement l’être. Choque-moé, déstabilise-moé, lève-moé l’cœur, raconte-moé des choses pas racontables, fesse-moé dessus avec tes mots-crowbars, fais ça animé d’un instinct primaire, la rage aux tripes pis avec une véritable et honnête volonté de foutre la marde. Dans le trash, y’a pas de calcul précis ni de câlisse de table de lois savantes, c’est raw, c’est brute, c’est brutal. BEUH!

Aux États-Unis, il y a un nouveau mouvement littéraire qui fait essentiellement dans le trash, sauf qu’ils ont trouvé un autre branding, probablement parce qu’eux aussi en avaient plein l’cul des livres pas trash stampés trash. Ça s’appelle le bizarro. J’en avais entendu parlé ici et là sur les blogues, pis un soir de beuverie, Éric de Larochelière du Quartanier m’a fortement conseillé d’aller fouiller dans c’te talle-là en me shootant le nom de Carlton Merlick III, l’un des pères fondateurs du genre. J’ai lu son sublime Haunted Vagina — l’histoire d’un gars qui va explorer le vagin hanté de sa blonde — pis je me suis dit qu’avant d’ortourner au trash, j’allais manger une coup’ de croûtes.

Parenthèse. Les éditeurs de la jeune Maison des viscères nous promettent du bizarro bien québécois. J’espère sincèrement qu’ils arriveront à livrer la marchandise — j’en veux! Fin de la parenthèse.

Pour Les verrats, j’ai demandé à VLB Éditeur qu’on ne m’associe pas au trash, qu’on ne fasse pas mention du terme dans les communiqués de presse pis les publicités. Pas que je vois ça comme une tare, mais bien parce que Les verrats, ce n’est pas un roman trash. Je ne l’ai pas écrit dans cette optique et, malgré ce que certains peuvent en penser, je n’avais aucun désir de provoc’. Pis ça m’a fait du bien de sortir de ma zone de confort. Astheure, le trash me manque, faque…

Avouons-le franchement: Edouard H. Bond, jeune adolescent en plein éveil sexuel, a probablement ressemblé un peu, jadis, à David, Marco et Samuel. Comment s’est déroulé, sexuellement parlant, ton passage vers le monde des adultes?

J’ai eu une vie sexuelle assez déviante merci. J’ai fait, ou plutôt, j’ai commis des choses un peu horribles que je ne te raconterai pas icitte, je n’ai pas vraiment le goût de faire fasse à la loi, if you know what I mean.

Qu’est-ce qu’Edouard H. Bond mijote de bon (ou de pendable) ces temps-ci? Un autre projet d’écriture sur le feu? Un projet en parallèle? Un plan sadique?

Je viens de terminer la première draft de mon prochain roman. Je ne sais pas encore si je vais réussir à le placer chez un éditeur, c’est plutôt particulier comme histoire. C’est une méta-autofiction slash autobiographie en 3D qui s’intitule Brûle en Enfer, Ed.Hardcore. J’en dis pas plus.

Cependant, le gros projet qui m’occupe ces temps-ci, c’est Ed.Hardcore Éditeur (http://edhardcore.ca). J’ai décidé de me lancer dans le merveilleux monde de l’édition. Au Québec. Ça sera pas beau comme qu’on dit. Ça va d’être de l’électrolivre pis des éditions papier à tirage limité (selon la réponse des préventes). Bien que mon nom trône sur la pancarte, j’y suis pas seul, mon best, l’auteur Martin Ouellet, est mon associé. Il est le directeur littéraire et la véritable âme en étant le gardien de la politique éditoriale de la maison. Moé, j’en serai l’homme-sandwich, si on veut résumer ça grossièrement.

Nous sortons trois livres cet automne, trois hostie de bons livres! Trou slaque, une romance white trash de Doc Triton, pis La grosse vie sale de Pica au rayon porno sordide pouvant nous occasionner des poursuites judiciaires, ainsi que Les détesteurs de Stéphane Ranger, un récit malade mental à faire frire tes neurones comme une shot de poppers.

À tous les banlieusards un peu naïfs qui croient que leur adolescent de 15 ans est sage comme une image, qu’as-tu envie de leur dire? Je t’en prie, on est entre adultes-là, gâte-toi Ed.

Barrez vos portes pis surveillez vot’ sacoche.

Pour lire la critique du roman Les verrats, rendez-vous au https://labibleurbaine.com/wp/?p=7094.

Crédit photo: Mathieu Rivard

Écrit par: Éric Dumais

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