LittératureRomans québécois
Crédit photo : Éditions Druide
Empreint d’une poésie nostalgique, Les variations Burroughs raconte, en une succession de tableaux sans ordre logique, des moments de la vie de cette femme. Quelque part entre les souvenirs d’enfance en Gaspésie et une douloureuse rupture amoureuse des années plus tard, la narratrice aborde plus ou moins directement différents moments de sa vie qui, pour différentes raisons et différentes manières, ont forgé la femme qu’elle est devenue. Entre les soirées alcoolisées à parler de William S. Burroughs, les nuits à veiller un frère entre la vie et la mort et des après-midis à fouiller dans les boîtes de souvenirs, on semble comprendre que la vie de cette femme a été plus souvent triste que joyeuse, et que même les moments heureux semblaient teintés d’un voile de mélancolie.
D’ailleurs, les plus jolis et puissants textes sont ceux dans lequelles la narratrice décrit sa vie sans Charles, soit les jours depuis que son conjoint l’a quittée. «Page 59 de ma vie sans toi, Charles. Toi, au bout du fil, débordant d’enthousiasme pour m’annoncer que tu venais de décrocher un poste de journaliste qui allait te donner l’occasion de mettre un visage sur la misère humaine. Si on s’était encore aimés, je t’aurais dit: fuyons le zoo, le cirque et la foire, ne cherchons surtout pas la face ombragée de la Lune.»
Après avoir publié plus d’une trentaine de titres, Sylvie Nicolas présente cette fois un joli roman poétique, qui fait preuve d’une grande maîtrise de la langue et des mots, mais dont les chapitres sont inégalement touchants. Autant certains sont charmants et percutants, autant les autres semblent se perdre dans un abus de métaphores et de mélancolie. Les variations Burroughs est certainement un roman qui peut accompagner une soirée au bord du feu dans un chalet, mais qui ne s’avère pas toujours facile à lire. Le lecteur doit se trouver dans l’état d’esprit requis pour bien saisir l’entièreté de cette délicate poésie.
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de la rédaction