«Les laboureurs du ciel» d’Isabelle Forest – Bible urbaine

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«Les laboureurs du ciel» d’Isabelle Forest

«Les laboureurs du ciel» d’Isabelle Forest

Conte baroque plus ou moins captivant

Publié le 5 décembre 2012 par Éric Dumais

Crédit photo : Alto

Riche d’une œuvre poétique acclamée (Les chambres orphelines, l’amour ses couteaux), pour laquelle elle a été finaliste au prix Alain-Grandbois et récompensée par les prix littéraires Alphonse-Piché, Félix-Leclerc et Radio-Canada, puis par l’excellente réception de son premier roman La crevasse (Lanctôt), la poétesse Isabelle Forest expérimente, avec Les laboureurs du ciel, l’écriture d’un conte baroque avec une histoire singulière mais peu envoûtante qui se déroule dans un Paris glauque du XVIIe siècle.

Sous les apparences d’un joli conte pour tous, Les laboureurs du ciel, où l’on suit le destin tragique de l’orpheline et misérable Marie Malvaux, une montreuse de marionnettes, avaient pourtant toutes les qualités nécessaires pour se démarquer de la masse. Avec un style d’écriture enjôleur et une imagination débordante de créativité, Isabelle Forest avait tout à sa portée; elle a néanmoins failli à nous offrir une histoire captivante de la première à la dernière page.

L’écrivaine, dont la plume gracieuse et poétique s’apparente à celle, frivole, de l’Allemand Patrick Süskind, aurait pu donner le jour à une œuvre qui allait marquer son siècle. Perdue entre les dédales des rues lugubres de Paris, des sombres épisodes de l’histoire de la France, et des ellipses aussi grandes que des enjambées athlétiques, Les Laboureurs du ciel est un récit qui a trop tendance à s’égarer dans le dédale des changements narratifs, ne conservant de sa beauté qu’un beau style d’écriture.

Tantôt aussi poignant que La main d’Iman de l’Africain Ryad Assani-Razaki (L’Hexagone), ce deuxième roman met de l’avant, malgré sa lourdeur, une charmante histoire d’amour entre Marie Malvaux et Petit Pierre, deux jeunes aux cœurs brisés qui vont développer une complicité solide malgré les mauvais traitements de leurs patrons. Expérimentant les 400 coups dans cet univers de foires et de pendaisons, ces deux jeunes âmes naïves ne vivront cependant pas l’idylle tant désirée: Marie, désormais adolescente, va rencontrer Angelo, un Italien aux pratiques obscurs, duquel elle va s’éprendre au grand dam de Petit Pierre, qui voit ici son premier amour envolé à tout jamais.

L’histoire, qui offrait de grandes promesses, avec une trame digne d’un grand chef-d’œuvre esquissé sous la plume de Victor Hugo, nous offre plutôt un dénouement brutal et inattendu, dont la tragédie a plutôt tendance à nous révolter qu’à nous faire réfléchir.

Sans être un mauvais roman, puisqu’il faut ici saluer le travail de recherche de l’auteure ainsi que sa plume fort imaginative, Les laboureurs du ciel est un bel essai, qui ne fera sans doute pas l’unanimité.

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