«Les femmes de ses fils» de Joanna Trollope – Bible urbaine

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«Les femmes de ses fils» de Joanna Trollope

«Les femmes de ses fils» de Joanna Trollope

Une belle-maman qui vous veut du bien

Publié le 17 septembre 2013 par Annie Lafrenière

Crédit photo : Éditions Fides

Joanna Trollope compte certainement aujourd’hui parmi les romancières les plus célèbres de Grande-Bretagne. Bien connue à l’étranger pour ses best-sellers Les liens du sang (paru en 1997, salué par la critique anglaise et traduit en quatorze langues) et La femme du pasteur (2003), elle est décrite comme «l’un de ces écrivains qui osent aborder de fond les questions de société et les transformations vécues au sein des familles contemporaines», et «l’une des meilleures chroniqueuses de notre vie d’aujourd’hui».

Son dernier roman, Les femmes de ses fils, traite habilement de la beauté, mais à la fois de la complexité de la dynamique familiale lorsque les enfants, devenus grands, se marient, et que des «étrangers» se greffent soudainement au noyau que l’on a cru solide. C’est ce que traverse Rachel, mère de trois fils, dès l’ouverture du récit, alors qu’elle «cède son troisième fils à une autre femme».

En apparence, nous pourrions croire simplement qu’elle se refuse à laisser partir Luke, son petit dernier, et que la bile noire de la mélancolie lui étreint le cœur. Pourtant, et c’est bien la force qui réside dans l’écriture de Trollope de sonder ce qui se trame sous la surface, c’est plutôt sa crainte de ne plus être utile, de céder pour une dernière fois sa place et d’être reléguée au second plan dans la vie de ses fils qui la trouble et la fait trembler intérieurement.

«(…) Rachel se sentait une fois de plus aux prises avec ce vieux mélange d’angoisse et d’attitude protectrice qu’elle avait éprouvé dès la venue au monde de Ralph, dès cet instant où il s’était cambré en arrière pour lui échapper, la première fois qu’elle avait essayé de le poser contre son épaule.»

Qui pourrait donc en vouloir à cette mère attentive d’avoir du mal à ne plus faire du bonheur de ses enfants le centre de son existence?

Les femmes de ses fils est également, bien entendu, un récit sur la rivalité qu’entretiennent la mère et ses trois belles-filles, Sigrid, Petra et Charlotte. Mais alors que les désaccords et autres irritants auraient pu se trouver au centre du roman, c’est plutôt d’évolution dont il est question. Trollope ne fait pas dans la sensiblerie, donc, et arrive à cibler avec un talent certain le véritable enjeu des transformations au sein d’une famille tissée serrée.

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