«Les enfants lumière» de Serge Lamothe: un recueil de nouvelles ludiques mais disparates – Bible urbaine

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«Les enfants lumière» de Serge Lamothe: un recueil de nouvelles ludiques mais disparates

«Les enfants lumière» de Serge Lamothe: un recueil de nouvelles ludiques mais disparates

Publié le 22 octobre 2012 par Éric Dumais

Pouvant être considéré comme la continuité du roman Les Baldwin, paru aux éditions L’Instant même en 2004, Les enfants lumière est un recueil de nouvelles toutes aussi disparates les unes que les autres, qui mettent en scène les aléas de la vie des Baldwin, dont la lignée semble aussi nombreuse qu’une portée de termites.

Ouvrant sur un exposé à teneur sociétale et politiquement complexe, ce nouvel ouvrage de Serge Lamothe, reconnu d’emblée comme un romancier, auteur de théâtre et dramaturge à l’opéra et au cirque, met de l’avant tout son savoir-faire et son imaginaire dans Les enfants lumière, un recueil de nouvelles éclatées n’ayant aucun lien entre elles, si ce n’est le nom de famille de ses personnages, les Baldwin.

Si la plupart des histoires nous laissent de marbre, il est cependant impossible d’éviter l’esquisse d’un sourire devant autant d’ingéniosité. Si Serge Lamothe n’a pas réussi à captiver son lecteur par la force d’un récit captivant et prenant, il a néanmoins le mérite d’avoir créé une œuvre ambitieuse et intelligente, ponctuée d’humour retenu, dont la plume, sérieuse comme le Pape, est empreinte d’un humour subtil mais toujours délicat.

Franz Kafka, au début du XXe siècle, avait le don de nous faire sourire devant l’intelligence de ses fictions, qui n’étaient nullement destinées, pourtant, à faire rire; cependant, Gregor Samsa se réveillant en cancrelat (La métamorphose, 1915), Joseph K. étant accusé à tort d’un crime imaginaire (Le procès, 1925), et K. tentant d’accéder en vain au siège de gouvernement (Le château, 1926), tous ces romans étaient la preuve inéluctable que Kafka aimait se moquer, symboliquement parlant, du malheur d’autrui. Serge Lamothe, qui n’a pourtant pas une once de méchanceté en lui, a suivi les traces de l’écriture kafkaïenne en bâtissant un récit posthistorique ludique, duquel se dégage, sur fond de guerres, de révolutions et de turbolibéralisme exacerbé, une dénonciation accrue de notre société moderne, laquelle est conventionnée à l’os par le désir de pouvoir et de conquête des hommes.

Plusieurs nouvelles vont laisseront de marbre, d’autres vous forceront à sourire, mais décidément vous resterez sans voix devant l’arrivée de Tacha Baldwin, cette petite gamine de neuf ans, bottes jaunes aux pieds, qui a mis fin au dernier gouvernement en place en faisant exploser, selon le désir de ses parents, la limousine du nouveau président élu. Cette courte histoire, d’un charme fou, aurait malheureusement pu faire l’ouvrage d’une fiction complète, surtout avec cet épisode fantastique mettant en scène une baleine au fond d’un cratère, mais hélas!, l’auteur avait un tout autre dessein pour nous, lecteurs.

Appréciation: **1/2

Crédit photo: Éditions Alto

Écrit par: Éric Dumais

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