LittératureRomans québécois
Celle qui nous avait offert le recueil de nouvelles Petites histoires avec un chat dedans (sauf une) nous revient cette fois-ci avec un premier roman où l’adultère et les relations humaines sont remises en question. Véronique Papineau dresse un portrait de l’homme et la femme modernes avec toutes ses complexités.
Lorsque Charlotte rencontre Paul sur un vol de retour Londres-Montréal, c’est le coup de foudre. Celui-ci est charmant, charismatique, intelligent, cultivé, drôle et en plus il est musicien (violoncelliste). Bref, il est tout ce dont Charlotte désire. Sauf que Paul habite à Québec… avec sa femme et ses enfants. Suite à cette rencontre fracassante, Charlotte et Paul se «verront» de manière épistolaire, alors que ce dernier viendra donner des concerts en ville. Au fil des rencontres, Charlotte en viendra à la conclusion qu’elle n’obtiendra jamais de Paul ce qu’elle désire au plus au point: une relation stable et durable. Suite à cette terrible constatation et à la douleur que Charlotte éprouvera, celle-ci se retrouvera dans les bras de Lecoq, un collègue de travail. Malheureusement pour elle, elle se rendra vite compte que chaque relation mérite son lot de sacrifices.
Véronique Papineau a un don pour rapporter les moments les plus anodins de notre existence. Que ce soit la neige qui tombe ou la pluie qui ruissèle dans les fenêtres, chaque moment est raconté avec doigté et précision. Il en est de même pour les émotions vécues par ses protagonistes. Il est très difficile de nos jours de ne pas tomber dans le déjà-vu quand vient le temps de raconter une relation amoureuse. Heureusement, ce n’est pas le cas du roman Les bonnes personnes. Contrairement à ce que le résumé de quatrième de couverture (et celui plus haut) pourraient nous laisser entendre, ceci n’est pas un roman de type chicklit. C’est un roman intelligent, qui nous fait part d’une réelle situation amoureuse qui se veut catastrophique et qui n’est pas enjolivée ou bourrée de flafla. Les bonnes personnes résume la rencontre entre plusieurs personnes qui ont tous des petits démons du passé et qui devront tous apprendre à dealer avec eux.
La lecture est intéressante, conviviale et rafraîchissante. Les personnages y sont attachants, vrais et dotés d’aucun artifice, ce qui les rend plus vrais que nature. L’histoire se déroulant en 2010, les repères énoncés, qu’ils soient visuels ou historiques, ainsi que les références aux évènements de ces dernières années font en sorte que nous nous identifions beaucoup plus facilement aux personnages. Le seul hic réside au niveau de la division des chapitres, qui peuvent parfois nous perdre. Ceux-ci sont divisés de manière à nous faire faire quelques retours dans le temps ou de nous faire sauter d’un personnage à l’autre. À ce moment, il nous prendra quelques minutes et peut-être une relecture des premières lignes du chapitre pour bien se situer et comprendre la mise en situation. La division aurait donc pu être davantage efficace et plus claire afin de ne pas perdre le lecteur au fil de sa lecture.
Ce premier roman paru aux Éditions du Boréal promet à Véronique Papineau un très bel avenir en littérature. Une auteure remarquable qui a le sens du doigté et qui se range sans aucun doute dans la lignée des Nadine Bismuth et compagnie.
Appréciation: ***
Crédit photo: Les Éditions du Boréal
Écrit par: Laurence Lebel