LittératureL'entrevue éclair avec
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Yvan, c’est un plaisir d’échanger avec vous! On peut dire sans se tromper que vous avez un parcours professionnel qui laisse admiratif: en plus d’être fellow et spécialiste en énergie au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM), vous avez travaillé comme délégué commercial à Hydro-Québec et comme fonctionnaire international à la Banque africaine de développement, à Tunis. Depuis une trentaine d’années, votre nom et vos idées autour de l’énergie et des affaires internationales circulent dans maintes publications dans les médias. Dites-nous: est-ce que votre parcours est le reflet de ce que vous rêviez, petit?
«Merci pour votre question. Si à vingt ans on m’avait montré un film sur ma carrière, j’aurais été emballé. Donc, certainement, ma carrière est à la hauteur de mes aspirations de jeunesse!»
Au cours de votre carrière florissante, vous avez entre autres fait paraître un livre, Initiation au développement international (2006), afin de permettre aux firmes, associations, agences gouvernementales, ONG et étudiants de bien manœuvrer dans ce domaine. Et voilà que tout récemment, les Éditions Fides ont publié Jusqu’à plus soif, où vous décortiquez «les enjeux et les conflits énergétiques dans un ouvrage essentiel». Est-ce le récent conflit opposant l’Ukraine à la Russie qui vous a donné l’impulsion d’écrire cet ouvrage?
«J’ai commencé à écrire le livre et je l’ai soumis à des éditeurs bien avant la crise en Ukraine, porté par la conviction que l’énergie était un angle mort de la politique mondiale dont on parlait trop peu.»
«Et puis, voilà qu’en 2022, la pire crise énergétique de l’histoire moderne est venue confirmer aux yeux de tous cette conviction.»
«Mon livre tombe donc au bon moment pour expliquer comment l’énergie joue un rôle plus important que l’on pense dans la société moderne.»
Voudriez-vous nous dire quelles sources d’information et quels types de documentation – mis à part vos propres projets de recherche – vous ont permis de mener à bien votre réflexion et de partager vos idées à propos de l’épineuse question des rapports de force liés à la possession de ressources en énergie qui peuvent exister?
«Je me suis appuyé à la fois sur des ouvrages historiques et actuels sur l’énergie, des rapports de grandes institutions telles que la Banque mondiale, et des articles de revues universitaires.»
«L’une des plus grandes difficultés de nos jours est l’abondance: chaque ouvrage consulté se base lui aussi sur des dizaines d’autres écrits, et on peut facilement s’y perdre. Il faut donc, hélas, discriminer, sinon on n’y arrive pas!»
Pour vous, «l’énergie est une arme, un enjeu stratégique, une obsession». Bien sûr, cela fait référence au conflit qui perdure actuellement sur le continent européen, et c’est la raison pour laquelle vous démontrez, à travers cet ouvrage, qu’on a la prétention de qualifier de «choc», «l’influence, à grande échelle, des énergies sur notre monde, celui d’hier et de demain». À court terme, vis-à-vis de la situation, qu’entrevoyez-vous comme enjeux géopolitiques et comme conséquences à venir pour le Vieux Continent?
«L’Europe, notamment l’Allemagne, a été aveugle face à sa dépendance énergétique envers la Russie. La crise de 2022 lui a ouvert les yeux, et je pense que sa détermination à se débarrasser des énergies fossiles et à transiter vers des énergies renouvelables est réelle.»
«Mais cela prendra du temps et ne viendra pas sans son lot d’enjeux, notamment en termes d’aménagement du territoire: la transition énergétique, c’est une transition vers l’électricité. Cela veut dire plus de fils électriques, qui sont devenus bien impopulaires dans les pays développés.»
«Donc, la transition sera probablement elle-même un peu chaotique, voire imprévisible.»
Pour terminer, nous serions curieux de savoir quels sont vos prochains projets de recherche en lien avec l’énergie et les affaires internationales.
«Deux sujets liés à l’énergie m’interpellent présentement: la littératie sur l’énergie, un ouvrage de base en énergie qui vise à nous éclairer sur les concepts et les réalités de l’industrie.»
«Et sinon, j’aimerais aussi explorer le rôle du gaz dans la scène énergétique de demain. Si on s’entend pour dire que le charbon et le pétrole, qui sont plus polluants que le gaz, doivent être sortis du mix énergétique pour décarboner nos économies, il n’y a pas de consensus face au gaz. Certaines villes de pays riches veulent en abolir l’utilisation, mais des régions entières, dont l’Afrique, veulent l’exploiter.»
«Il serait intéressant de suivre ce débat et de déterminer la place réelle qu’aura cette forme d’énergie dans le monde de demain.»
Pour lire nos précédents articles «L’entrevue éclair avec» et faire le plein de découvertes, consultez le labibleurbaine.com/nos-series/lentrevue-eclair-avec.
*Cet article a été produit en collaboration avec les éditions Fides.
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