«L'enquêteur du paranormal au cinéma» de Christian R. Page – Bible urbaine

Littérature

«L’enquêteur du paranormal au cinéma» de Christian R. Page

«L’enquêteur du paranormal au cinéma» de Christian R. Page

Les sceptiques ne seront pas confondus

Publié le 29 juin 2016 par Alexandre Beauparlant

Crédit photo : Publistar

Auteur de nombreux ouvrages touchant aux phénomènes paranormaux, autant manuscrits que télévisuels (les Dossiers mystère à Canal D, c'est lui!), Christian R. Page représente une sommité québécoise en la matière. Avec ses 35 ans d'enquêtes sous la cravate, ce passionné en aura vu et entendu de toutes les couleurs. Les fantômes, il connaît ça! Les films, un peu moins.

Le recueil de Page, arborant en couverture un doux vert cadavérique, expose le contenu de quinze longs-métrages à dormir debout, chacun inspiré d’un fait divers. On y retrouve des histoires de possessions démoniaques, de poltergeists, de zombies et d’enlèvements par des extra-terrestres, en passant par le yéti, l’homme-phalène et bien d’autres. Une chouette banque de cauchemars, n’est-il pas vrai?

L’exercice proposé par l’auteur est simple. Primo, on dresse le synopsis d’un film x (pour les besoins de la cause, disons que ce film se nomme The Conjuring 2). Vous en saurez tout: situation initiale, élément déclencheur, péripéties, résolution et conclusion. Ceux qui détestent les spoilers risquent donc de devoir passer leur chemin.

Deuxio, on présente le fait divers à l’origine de ce The Conjuring 2. Où? Quand? Qui? Quoi? Comment? Le livre prend ici des allures de rapport de police et on ne lésine pas sur les détails (ils seront examinés en profondeur plus tard). C’est aussi ici que la préface de Christian Page prend tout son sens, alors que l’homme nous y sommait, d’emblée, à rester vigilants face aux appellations «basées sur un fait vécu», utilisées à tout vent au cinéma depuis une trentaine d’années. On constatera vite que dans la majorité des cas la fiction dépasse la réalité.

Et puis, tertio, on retrouve une section où l’auteur y va de ses commentaires personnels et du résultat de sa propre enquête, appuyée par une once ou deux de bon sens et un esprit critique auquel on ferait difficilement avaler des couleuvres. On répète la procédure à quinze occasions et le tour est joué!

Au terme de ces recherches dans le monde du paranormal, nous découvrirons avec Page que dans 99% des cas, les victimes sont:

  • A) Des gens superstitieux et influençables
  • B) Des religieux pratiquants
  • C) Des charlatans voulant faire un coup d’argent ou obtenir un quinze minutes de gloire
  • D) Les cousins de l’ami d’un cousin qui n’utilise pas le téléphone et n’a pas non plus d’adresse fixe
  • E) Décédées et ne peuvent donc pas raconter ce qu’elles ont vécu

Résoudre en compagnie de l’auteur ces intrigues paranormales se veut une expérience réjouissante. Là où le bât blesse, c’est dans tout ce qui touche au monde du cinéma à proprement parler. On se doute bien qu’un film ne représente pas la réalité… et de mettre l’accent sur cette mise en garde tout au long des 320 pages constituant L’enquêteur du paranormal au cinéma devient un brin lourd à la longue.

Puis, hormis quelques trop rares exceptions, les films explorés jouissent d’une cote de qualité allant du mauvais jusqu’à l’exécrable, en plus d’être parfois si obscurs que «seulement vingt spectateurs se sont présentés au guichet, dans un cinéma d’Amsterdam». On repassera pour les «15 films d’horreur célèbres» promis sur la jaquette arrière!

Sur une note plus mystérieuse, deux dossiers restent sans réponse au terme de la lecture. D’abord, un incident survenu au col Dyatlov où neuf skieurs expérimentés périrent dans des circonstances nébuleuses. Ensuite, le cas Carole Compton, une jeune Écossaise à qui on intenta un procès pour pyrokinésie (terme popularisé par Stephen King, décrivant l’aptitude d’un individu à enflammer des objets par la simple pensée).

Parions qu’une solution satisfaisante à ces énigmes prendra forme un jour ou l’autre. Après tout, nos connaissances quant à l’univers dans lequel nous vivons ne cessent de s’enrichir et pourtant nous ne faisons encore que gratter à la surface de l’inconnu. Ce même inconnu d’où nos peurs et superstitions tirent leur essence.

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