«Le Vertige des insectes» de Maude Veilleux – Bible urbaine

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«Le Vertige des insectes» de Maude Veilleux

«Le Vertige des insectes» de Maude Veilleux

Un texte profondément émouvant

Publié le 11 mars 2014 par Jean-Francois Lebel

Crédit photo : Hamac

Bien qu'Éric Simard, directeur littéraire pour Hamac, déclare que Le Vertige des insectes «ne ressemble à rien de ce qu'il a publié jusqu'ici», il nous apparaît évident que Maude Veilleux incarne à la perfection la ligne éditoriale de la collection en offrant «un texte profondément humain qui brille par sa qualité littéraire». L'humanité de la protagoniste Mathilde transcende les pages du roman dans un effet de réel bouleversant. Profondément émouvant, ce premier bijou de l'auteure ne saurait être plus unique et mémorable.

Fait intéressant, le projet d’écriture a vu le jour grâce au programme Première Ovation, une initiative de la ville de Québec qui, au printemps 2011, avait mis en contact Maude Veilleux et son mentor Éric Simard. Trois ans plus tard, l’auteure, qui nous a livré en 2013 le recueil de poésie Les choses de l’amour à marde (Éditions de l’Écrou), nous présente l’aboutissement de ce processus de création.

Le Vertige des insectes est porté par un personnage poignant. Il est facile de s’imaginer Mathilde comme une amie. Son quotidien, où l’on rencontre son colocataire Thomas et sa voisine Marion, est ponctué de thé, de café, de chat et de poésie; son écriture hyperdétaillée le rend particulièrement réaliste. D’ailleurs, le roman s’ouvre sur les funérailles de Rose, la grand-mère de Mathilde, où la jeune femme termine son discours en déclarant: «Je t’aime. J’aurais voulu que tu ne partes jamais.» Cette phrase résonnera tout au fil de l’histoire.

Les chamboulements dans cette vie qui nous semblait calme se poursuivent, alors qu’au décès de Rose s’ajoute le départ de l’amoureuse, Jeanne, au Yukon pour les six prochains mois. Mathilde, laissée à elle-même, replonge dans son passé duquel elle avait réussi à se détacher en venant s’installer à Montréal. Ces souvenirs ne sont d’abord pas clairement révélés au lecteur, apportant à ce roman d’atmosphère quelque chose de mystérieux et d’obscur.

En effet, la narration à la troisième personne permet de conserver une part de mystère et de suspense. La trame narrative initiale, bien que parfois un peu fragmentaire, est très facile à suivre. Mais c’est la maîtrise du développement des petites intrigues qui fait en sorte que l’on poursuit sa lecture pour trouver réponses à ses questions. Aussi, par sa grande humanité, le texte interpelle le lecteur. Mathilde n’a pas besoin de narrer son histoire pour que l’on se sente proche d’elle. Le récit s’enlise dans ses peurs et ses inquiétudes, dévoilant une figure fragile, vulnérable et touchante.

Plus le temps passe, plus elle s’absente et se distancie de la réalité. Elle se perd dans ses rêveries et dans ses souvenirs pour s’en échapper. «Embrasser la noirceur en attendant le retour de la lumière.» Cette signification qu’elle donne à une carte de tarot nous plonge bien dans l’esprit du roman. Mathilde supporte mal la solitude et l’éloignement de Jeanne, elle se referme, semble torturée.

En effet, ses bibittes intérieures la rongent. Ce sont les insectes qui nous entraînent dans l’atmosphère sombre dans laquelle baigne le personnage. Dans ces parties plus nébuleuses du texte, la jeune femme rêve, s’imagine, hallucine toutes sortes d’insectes. Tourmentés et confus, ces passages s’insèrent dans la suite des évènements en donnant un caractère étrange et inquiétant au vertige de Mathilde.

Le Vertige des insectes est un texte tout à fait singulier dans lequel Maude Veilleux confronte avec force le lecteur au désarroi de Mathilde. L’auteure nous fait passer par une grande gamme d’émotions, avant de nous laisser sur une impression puissante.

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