LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Albin Michel
Après Miséricorde, Grand prix des lectrices de Elle policier, puis Profanation, l’auteur de thrillers scandinaves Jussi Adler-Olsen n’épargne nullement les nerfs de son lecteur avec Délivrance, une troisième enquête mettant en scène son protagoniste Carl Mørck dans une nouvelle série de d’enlèvements et de crimes tout à fait crapuleux.
Il est d’emblée difficile de croire qu’un jeune adolescent, les mains ligotés dans le dos, puisse être en mesure d’écrire une courte lettre avec son sang dans laquelle il raconte les motifs de son enlèvement, son signalement ainsi que l’apparence de son kidnappeur. Sans compter qu’il a réussi, cet as de la dissimulation, à insérer le papier au creux d’une bouteille puis de la jeter à la mer, sous les yeux hagards de son jeune frère.
C’est dans cet esprit du «dur à croire» que Jussi Adler-Olsen nous agrippe bien serré, pendant que le trio du département V de la police de Copenhague fait des pieds et des mains pour mettre le grappin sur le kidnappeur de ces enfants danois ayant disparu depuis de nombreuses années.
Mettant de côté des dossiers urgents pour se consacrer à une enquête qui peut tout aussi bien être un canular, Carl Mørck et ses collègues Assad et Yrsa (aussi appelé Rose en raison de son dédoublement de personnalité qui n’apporte rien à l’histoire) essaient de retracer la famille des deux jeunes garçons disparus depuis toutes ces années. De fil en aiguille, les inspecteurs de la police vont évidemment déterrer d’anciens secrets enfouis, les menant tout droit vers une chasse à l’homme qui s’étendra, lentement mais sûrement, sur plus de 600 pages.
Malgré plusieurs invraisemblances qui enlèvent à tous les coups une couche de crédibilité à ce récit pourtant bien construit, on tend en effet à sourciller d’étonnement à plus d’une fois tellement certaines péripéties s’agencent comme par magie.
D’un côté plus technique, on admire très certainement le mode narratif omniscient, qui rend le lecteur principal complice de l’histoire. Jussi Adler-Olsen réussit même à dissimuler des détails importants par des retours en arrière qui nous permettent également de vivre le moment présent dans la peau du personnage qui le raconte, un peu comme le romancier Ryan David Jahn l’a si bien fait avec De bons voisins et Emergency 911.
Ainsi, ce grand gagnant du Prix du meilleur thriller scandinave et du Prix des libraires danois n’épate pas la galerie, accumulant les invraisemblances au rythme d’une enquête policière qui tourne en rond, nous menant vers une finale prévisible qui n’offre même pas de révélation choc. Un récit bien ficelé, en somme, qui aurait gagné à nous surprendre un peu plus.
L'avis
de la rédaction