LittératureRomans québécois
Crédit photo : Stanké
Éléna Cohen est le noyau de cette histoire. La première moitié du roman lui est consacrée. La narratrice nous offre un bref retour sur sa vie en général, de son enfance à sa vie actuelle. À vingt-deux ans, elle se marie à Maxime sans grande conviction, usant de l’expression «condamnation nuptiale» pour faire référence à son mariage, et ce, alors que son ancien amant Julien aurait bien aimé revenir dans le décor. Elle se consacre alors à son rôle d’épouse, puis éventuellement de mère. Le roman ne faisant que deux-cents et quelques pages, on ne s’attarde pas dans les détails du passé de cette femme. L’idée de survol y est clairement exprimée par le personnage qui trouve que «les années passent trop lentement pour [qu’elle s]’arrête à tout raconter».
Soudainement, elle a 42 ans et le diagnostic tombe. «Éléna Cohen va mourir». Elle doit retrouver qui elle est et dire ce qu’elle a à dire. Ces émotions lui donnent l’urgence d’écrire, un sentiment qu’elle n’avait jamais ressenti malgré ses études dans le domaine. Elle se lance dans la rédaction d’une œuvre posthume, mais les secrets de Polichinelle qu’elle porte pourraient l’éloigner de la paix intérieure qu’elle cherche à obtenir.
Lors du changement de narrateur, l’histoire se poursuit. Chacun de ces narrateurs possède certaines pièces du casse-tête. Il n’y a donc pas de redondances, on n’aborde pas les mêmes évènements sous un angle différent. La trame narrative déjà bien enlignée n’en est pas affectée. Par exemple, la deuxième partie est assurée par Jane, la fille aînée d’Éléna, qui se rend compte qu’elle ressemble davantage à sa mère qu’elle le croyait. D’ailleurs, le choix des deux derniers narrateurs est surprenant mais ô combien pertinent.
Annie Loiselle raconte cette saga familiale tout en délicatesse grâce à une plume poétique, touchante et accessible. La simplicité est agréable. L’histoire progresse rapidement et les personnages ne sont pas trop nombreux. Certaines lignes sont savoureuses et méritent d’être relues à plusieurs reprises afin de bien s’en imprégner.
Par contre, petite déception qui est loin d’être unique à ce roman: il est bien dommage de ne pas avoir la chance de «consulter» les écrits ou correspondance (lettres d’amours) dont il est question, parfois, au cours de la lecture. Il est évident que si on en parle dans le roman, le lecteur sera curieux et aurait bien aimé pouvoir en lire au moins un extrait.
Pour ceux et celles qui auront accrochés à la plume d’Annie Loiselle, sachez qu’elle prépare déjà un second roman, Zone Blanche, dont la parution est prévue pour l’automne 2013.
L'avis
de la rédaction