Le roman «Sara(h)bande» de Sylvain Raymond – Bible urbaine

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Le roman «Sara(h)bande» de Sylvain Raymond

Le roman «Sara(h)bande» de Sylvain Raymond

Sonder l’âme (perverse) du genre humain

Publié le 13 février 2013 par Éric Dumais

Crédit photo : Éditions Y

Suite au succès obtenu avec son premier roman indie Yupster, qui lui a valu le Prix E-Paper World 2010 Encouragement, Innovation Auteur Numérique, Sylvain Raymond a décidé de noircir le papier une seconde fois avec Sara(h)bande, un thriller policier qui l'a forcé à plonger pendant deux ans dans la conscience torturée d'un psychopathe avec comme cadre le Domaine Fortin, campé dans la tranquille région de Charlevoix.

Le Lieutenant Lajeunesse, l’un des meilleurs hommes de l’Inspecteur en chef St-Onge, est envoyé à Charlevoix pour résoudre l’un des homicides les plus crapuleux jamais vus jusqu’alors: le meurtre de la jeune Chinoise et virtuose Trini Chan. Malgré ses airs douchebags et son franc-parler du Bas-St-Laurent, Lajeunesse, mi-trentaine, n’a pas froid aux yeux et c’est avec une détermination hors du commun qu’il se rend sur les lieux du crime, bien décidé à mettre la main au collet de l’assassin de la jeune adolescente, retrouvée morte le vagin meurtri, décapité, arraché. Très vite, Jerry l’Amérindien deviendra l’un des principaux suspects, étant donné son lien d’intimité avec la jeune adolescente et les mégots de cigarette retrouvés non loin du lieu du crime. Le seul hic, c’est que Jerry, peu après l’arrivée du policier sur les lieux, demeure introuvable.

Ainsi, rien ne va plus au Domaine Fortin; les macchabées se multiplient et la liste des suspects s’intensifie au rythme des chapitres. D’Aurélie à Sarah, de Monsieur le Directeur au Chef d’orchestre, jusqu’au Ministre Gingras, tout le monde est louche, sans exception. Mais quelle espèce de détraqué sanguinaire s’amuse à violer la virginité de ces jeunes adolescentes, qui se préparaient à offrir l’un des concerts classiques les plus attendus et qui allait faire la renommée du Domaine Fortin?

Sara(h)bande est un drame policier au sein duquel l’action progresse lentement, technique primée par Gus Van Sant au cinéma, et où les indices sont présentés au compte-goutte, ce qui oblige le lecteur à se creuser les méninges au rythme des investigations du protagoniste, le Lieutenant Lajeunesse. À des années-lumière du roman Yupster, dans lequel Sylvain Raymond personnifiait un clone soft du Patrick Bateman imaginé par Bret Easton Ellis, ce séducteur aux mille défauts qui multipliait les séries d’haltères au même rythme que ses one night, Sara(h)bande foisonne plutôt de personnages louches aux personnalités aussi glaciales que déplaisantes à travers lesquels le lecteur a toute la misère du monde à s’identifier. Et c’est bien tant mieux, car cette distanciation avec les principaux acteurs de l’histoire nous force à les détester autant que le Lieutenant Lajeunesse et à se concentrer sur la progression de l’enquête, l’enjeu principal.

Si le tempo de l’histoire est lent, ce n’est ici qu’un détail et une illusion d’optique, car Sylvain Raymond nous transporte dans un récit frôlant à peine les 72 heures, lequel est porté par les dialogues alambiqués des personnages. Chaque chapitre nous permet de nous infiltrer, comme des imposteurs, dans leur conscience tordue, ce qui nous permet de sonder l’intrigue à travers différents points de vue narratifs. Stylistiquement parlant, Sylvain Raymond marque assurément des points, mais là où il en perd, c’est au niveau du résultat. Une discussion entre trois personnages peut s’avérer complexe à suivre pour la seule et unique raison qu’ils sont plusieurs à se partager la première personne du singulier, se lançant ainsi les rênes de la narration comme des invités lors d’un débat échauffé. De plus, l’usage superflu des parenthèses, qui avait en quelque sorte marqué le style singulier de Yupster, n’offre rien de plus ici, à part nous dépeindre les contradictions ou les traits de personnalité de certains personnages, ce qui n’aide en rien la progression de l’histoire.

«Et la finale. Qui vous sidérera…», nous promet la cinéaste Izabel Grondin, qui signe ici la préface du roman. En effet, s’il y a bien un autre point sur lequel Sylvain Raymond a su appuyer de toutes ses forces, c’est sur l’effet de surprise causé par le dévoilement ultime de l’assassin et du mobile. Lorsque vous aurez atteint la chute après avoir joué au chat et à la souris pendant plus de 275 pages, vous comprendrez enfin la signification du jeu de mots «Sara(h)bande», qui prend finalement tout son sens; vous en resterez bouche bée.

Avec ce tout nouveau roman, vous retrouverez le style sobre et innovateur que l’auteur avait mis de l’avant avec Yupster, avec cette fois-ci une intrigue solide et des personnages qu’on se plaît à détester avec une espèce de plaisir coupable.

Publié par les Éditions Y, le roman est présentement disponible en précommande sur les plateformes sarahbande.com et ruedeslibraires.com, et sera en vente à la Librairie Monet ainsi que dans plusieurs autres points de vente de la région dès le 20 février. Le lancement, ouvert à tous, a lieu la même journée au ? (5295, Avenue du Parc) de 18h à 22h. Venez en grand nombre!

Au menu:

18h à 19h
Musique baroque tirée des pages du roman.

19h à 20h
ZLATKO SUPERINA – DJ SET
Italo disco

20h à 21h
LE MATOS – DJ SET
* interprète de la pièce «Sarah» citée dans les pages du roman.
[http://lematos.bandcamp.com/]

21h à 22h
VOSPER – DJ SET
* interprète de la pièce «Release» citée dans les pages du roman.
[https://soundcloud.com/vosper]

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