Le roman «La rive est loin» de Ying Chen – Bible urbaine

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Le roman «La rive est loin» de Ying Chen

Le roman «La rive est loin» de Ying Chen

Faire un pacte avec la mort

Publié le 5 mars 2013 par Éric Dumais

Crédit photo : Éditions du Boréal

L’auteure québécoise d’origine chinoise Ying Chen a décidé de prolonger l’existence monotone du couple ayant donné un souffle de vie au roman Espèces (Éditions du Boréal, 2010) avec La rive est loin, une œuvre à charge poétique où il est question de la mort de l’autre.

Ce nouveau roman, qui s’apparente davantage à une suite terne du convoité Espèces, nous replonge dans l’ennui et la monotonie qui habitaient dès lors les protagonistes de l’œuvre de Ying Chen, mais cette fois-ci sans la transformation de la narratrice en chatte. Par contre, le chamboulement majeur qui frappe le destin du couple n’est pas une nouvelle infidélité de la part de A., mais bien la mort imminente de ce dernier, qui apprend qu’il est atteint d’une maladie incurable alors qu’il n’a pas encore dépassé la cinquantaine.

Le protagoniste féminin, quant à lui, n’accepte pas du tout le sort fataliste qui attend son mari, puisque que plus la maladie gagne du terrain, plus elle se rend compte qu’au fond elle a toujours aimé A., et que son deuil sera probablement l’évènement le plus difficile qu’elle aura à traverser.

On souhaiterait profondément s’attacher à ce personnage sans identité et vivre, ne serait-ce qu’en pensées, un court instant sa tragédie, mais il est difficile d’éprouver quoi que ce soit pour ce fantôme, cette femme sans courbe ni réel attrait, qui vit aux côté d’un mari distant, à l’instar d’un fantôme errant dans les sombres couloirs de la mort.

Parsemé ici et là de réflexions profondes sur la vie et la mort, le récit se parcourt très rapidement, notre intérêt étant alimenté par la plume poétique et philosophique de l’auteure. La trame narrative, divisée en deux, nous laisse à entendre les deux côtés de la médaille, ce qui nous permet d’entendre les réflexions de la femme et du mari, les unes après les autres, dont les visions de la vie diffèrent à bien des niveaux.

Toujours, le ton du roman est empreint d’une lourdeur qui nous empêche de bien apprécier le drame vécu et d’apprécier la tournure des évènements. Espèces nous laissait certes entrevoir le destin solitaire de deux êtres vidés de tout bonheur, mais la métamorphose du protagoniste ajoutait un élément fantastique à ce récit réaliste qui nous laissait le temps de souffler un peu face à la déconfiture de ces personnages.

La rive est loin est une belle ode à l’amour retrouvé qui aurait gagné à nous faire découvrir des personnages plus attachants et surtout attachés à la vie.

«La rive est loin»
Éditions Boréal
140 pages, 18,95 $

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