Le recueil de nouvelles «Miroirs» – Bible urbaine

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Le recueil de nouvelles «Miroirs»

Le recueil de nouvelles «Miroirs»

Sept histoires, sept réalités, un seul et même lieu

Publié le 30 septembre 2013 par Laurence Lebel

Crédit photo : VLB

Réunissant sept auteures telles qu'India Desjardins, Caroline Allard et Claudia Larochelle, le collectif Miroirs est sans contredit un incontournable de la rentrée automnale. L’originalité de la démarche nous amène à découvrir sept histoires bien différentes les unes des autres qui renferment toutes une sensibilité accrue et une très grande profondeur.

Le concept de Miroirs était bien simple. Les auteures devaient imaginer l’histoire d’une femme qui se retrouvait dans un grand restaurant de la ville de Montréal. Chacune de ces héroïnes vit un drame intérieur que le lecteur sera amené à découvrir et à accepter avec le personnage. Toutes les femmes se retrouveront à un moment ou à un autre devant le miroir de la salle de bains des femmes et sans le savoir elles seront confrontées à elles-mêmes.

Au cours de notre lecture, on découvre les soucis d’une femme qui a toujours vécu sous les ordres de sa mère et qui est tentée par l’adultère, une autre femme qui a connu une terrible séparation et qui tente par tous les moyens de maintenir sa relation avec ses deux filles. On découvre aussi un pan de la vie d’un transgenre et aussi celle d’une femme qui tente de retrouver ses racines à Montréal et de comprendre ce qui la définissait dans cette ville avant qu’elle ne quitte pour la France.

La force de ce collectif réside dans la profondeur des personnages. Ces derniers ont tous quelque chose à nous apporter et leurs histoires nous bouleversent jusqu’au point final. La nouvelle d’India Desjardins, intitulée «Maeva», en est une particulièrement saisissante. Dans cette nouvelle, on rencontre une jeune femme qui fait partie d’un groupe d’amies où ces dernières sont toutes mariées et ont des enfants. Évidemment, elle se sent comme une outsider, mais persiste à vouloir voir ses amies malgré tout. Au fil des pages, on apprend que c’est une succession de mauvais choix qui ont mené l’héroïne à être là où elle est aujourd’hui, c’est-à-dire célibataire et en fin de parcours pour être mère. Ce qui est beau dans cette nouvelle, c’est que l’héroïne s’adresse à cette enfant qu’elle aurait aimé avoir et qui se serait appelée Maeva. Les mots sont touchants, bien choisis, mais surtout percutants.

Autre bon coup de Miroirs est la nouvelle de Caroline Allard, «Genre». Ici, on rencontre un homme qui a subi un changement de sexe de la tête au pied et qui est encore en processus d’acceptation de sa nouvelle image. Avec lui, on farfouille dans ses souvenirs les plus intimes et on découvre toute la complexité d’une décision de ce genre. L’homme maintenant devenu femme redoute les regards et tente du mieux qu’il peut de se fondre dans la masse malgré ses mollets poilus et sa pomme d’Adam proéminente.

Les nouvelles s’entrecroisent et parfois le personnage d’une histoire apparaîtra dans une autre histoire. Certains d’entre eux échangeront même des regards, des sourires, mais sans plus. Cela nous permet d’avoir une bonne vision d’ensemble de ce qui se passe dans le restaurant au moment où les personnages s’y retrouvent. Par contre, ce qui unit ces derniers est la salle de bains des femmes. C’est principalement là où toute l’émotion la plus vive se vivra. Le reflet que leur renvoie le grand miroir permettra aux femmes de réfléchir sur leurs sorts et surtout d’en retirer des réflexions hautement touchantes.

La division et l’évolution de Miroirs ne font en sorte que l’on n’est pas perdu ni catapulter de tout bord tout côté. L’évolution est lente, mais le tout est si bien unifié qu’on prend plaisir à lire des brides des vies de ces personnages féminins. On aurait parfois demandé quelques pages de plus pour certaines nouvelles, mais en somme, c’est réussi.

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