Le recueil de nouvelles «Maison des jeunes» aux Éditions de Ta Mère – Bible urbaine

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Le recueil de nouvelles «Maison des jeunes» aux Éditions de Ta Mère

Le recueil de nouvelles «Maison des jeunes» aux Éditions de Ta Mère

90's revival

Publié le 16 septembre 2013 par Annabelle Moreau

Crédit photo : Les Éditions de Ta Mère

Enfants des années 1980, vous serez servis. Le nouveau recueil de la collection «maison», concocté par les Éditions de Ta Mère, s’attaque à un lieu mythique de votre adolescence: la maison des jeunes.

Le refuge, l’Adomissiles, Le spot ou L’atTribu: autant de noms de maison de jeunes de partout au Québec que quelques-uns des titres de ces dix-huit nouvelles. Proposition alléchante, Maison des jeunes rassemble dix-huit auteurs, dont certains plus aguerris comme Simon Boulerice, Marie-Christine Lemieux-Couture, Daniel Grenier ou Jean-Simon Desrochers, mais aussi des petits nouveaux dont les textes ne sont pas piqués des vers.

Maison des jeunes se lit comme une seule et même histoire et c’est là le plus grand tour de force de cet ouvrage. Chaque nouvelle n’est identifiée que par son titre et ne mentionne pas le nom de son auteur. Ce que je considérais comme une nuisance au départ, car je devais chaque fois revenir à la table des matières, s’est finalement soldé en un réel plaisir, car c’était chaque fois une surprise de découvrir qui avait écrit telle ou telle nouvelle que j’avais aimé.

C’est comme ça que je suis tombé sur Mathieu Poulin et son texte Le vaillant mineur. On est à Val-d’Or en 1998. Armageddon va sortir sur les écrans sous peu et le narrateur voue un véritable culte au réalisateur Michael Bay. Tellement, qu’il a regardé la bande-annonce trois cent fois sur le Pentium de la maison des jeunes et qu’il est prêt à défendre son honneur à coups de poing et coups de pied. Mais c’est surtout l’histoire d’un adolescent qui découvre le cinéma: « Ce gars-là est la raison pour laquelle j’ai commencé à m’intéresser au cinéma en tant qu’art. Et ça me dépasse qu’il y ait encore des gens incapables de reconnaître son talent.»

Les nouvelles ont en commun de présenter des adolescents qui rêvent de quelque chose de plus grand, et qui sont encore inconfortables avec celui ou celle qu’ils sont ou ce corps qui est le leur. On expérimente, on essaie, on se pète la gueule, mais on tente de trouver sa place au soleil. «Je me suis jamais battu. Mais j’avoue que, ces temps-ci, j’en ai vraiment envie. Peut-être pour me prouver à moi même que je deviens un homme», écrit Mathieu Poulin.

Flash-back en couleurs

Avec Sac-Ado, la première nouvelle du lot, Laurence Gough donne un autre coup de poing dans la face du futur. La narratrice écrit dans son journal un soir de verglas en direct de la maison des jeunes de Sainte-Julie, un avertissement pour les grand-mères qu’elle et sa meilleure amie seront: «OK les mamies, vous êtes sûrement perdues dans votre Alzheimer, ça fait qu’on va vous faire un magnifique portrait de vous autres à quatorze ans.» Juste pour pas oublier, pour se figer dans le temps, pour attraper ce souffle brut de l’adolescence et des rêves encore intacts.

Simon Boulerice est aussi particulièrement brillant à ce jeu, lui qui raconte l’une de ses premières auditions pour une version trash de Watatow, téléroman emblématique s’il en est un, de la génération des auteurs de Maison des jeunes. Alors qu’il tire une pisse avant son audition, Boulerice se fait philosophe: «Je suis un phénomène de nervosité avec mon jet d’urine perdant son focus, mais je sais déjà que je vais devenir comédien. Mon destin est tout tracé. Je suis né pour brûler les planches et crever l’écran. Je le sens de l’intérieur.»

Trips de buvards, premières baises, amours secrets et rêve inavoués, Maison des jeunes est le portrait d’une générations de Québécois nés dans les années 1980 pour qui l’avenir n’était pas tout tracé, mais qui s’accrochent à des symboles de la culture populaire pour mieux se créer leur propre mythologie. Et de rassembler toute cette force brute sous le couvert d’un lieu, la maison des jeunes, était franchement une idée de génie, surtout que la force d’évocation des textes ramène le lecteur au cœur même du malaise de l’adolescence pour mieux en sublimer la force, les espoirs et les déceptions. Pas de temps morts et une lecture palpitante. Une petite game de Mario Kart avec ça?

«Maison des jeunes»:
Sous la direction d’Alexie Morin, Maude Nepveu-Villeneuve et Maxime Raymond
Les Éditions de Ta Mère, 2013, 254 pages.

Avec les textes de:
Laurence Gough, Vincent Brault, Marie-Andrée Arsenault, Simon Boulerice, Annie Goulet, Mathieu Poulin, Céline Huyghebaert, Jean-Simon Desrochers, Sandrine Galand, Florence Bobier, Suzanne Vallières-Nolet, Jean-Philippe Baril Guérard, Marie-Christine Lemieux-Couture, Maude Nepveu-Villeneuve, Mathieu Handfield, Amélie Dumont, Julien-Pier Boisvert et Daniel Grenier.

Le lancement se tiendra ce soir dès 19 heures au bistro Vices et Versa (6631, Saint-Laurent).

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