LittératureRomans québécois
Crédit photo : Québec Amérique
Seule consigne du directeur: écrire une histoire à la fois ludique et saine, la mission étant vraiment de se réapproprier le joyeux en écrivant le sexe, sans toutefois avoir à toucher le drame. Parmi les auteurs qui se sont prêtés au jeu, on retrouve autant des Patrick Senécal, Guillaume Vigneault, Matthieu Simard, et Marie-Hélène Poitras, que des Miléna Babin, Geneviève Janelle, Sophie Bienvenu et Eza Paventi. Ce que ces auteurs ont en commun? Tous en sont à leur premier contact avec le sujet qu’est l’érotisme, et sortent pour ainsi dire de leur zone de confort pour aborder un sujet peu traité dans la littérature québécoise.
On reconnaît le style et l’univers propres à certains auteurs, tandis que d’autres nous réservent de belles surprises. Marie Hélène Poitras, par exemple, gravite (encore) dans le monde équestre, alors que Patrick Senécal y va d’une enquête rebondissante. Coup de cœur pour Charles Bolduc et sa mystérieuse inconnue des tempêtes. Révélation avec Roxanne Bouchard et sa libération sexuelle d’une bourgeoise. Déception du côté de Matthieu Simard, qui nous a habitués à quelque chose de mieux dans ses romans. Bon usage du sarcasme par Geneviève Janelle et son couple de snobs à Punta Cana. Et chapeau à l’audace de Stéphane Dompierre pour son récit futuriste.
Petit livre à la couverture noir latex sur chair rose pâle, l’objet lui-même est symbole de dénudation. Le titre NU, inscrit discrètement de façon imagée apporte aussi une certaine finesse. L’esthétisme du recueil se rend jusqu’à l’intérieur, qui est dominé par une présence féminine, autant par ses auteurs que ses personnages. Dans l’ensemble, le fil narratif des nouvelles est généralement solide. Il s’agit d’abord de nouvelles humoristiques avec une touche érotique, non pas simplement du sexe pour du sexe. Or, on sent quelques fois certains clichés ressortir et la note sexuelle poussée un peu trop loin pour être naturelle.
NU est un recueil léger, qualifié de feel good book, qui regorge d’humour grinçant, noir et à la fois franc. Il s’agit d’un retour aux mots dans un monde d’images, où l’imagination reprend le dessus face à cette facilité d’accès à des images instantanément. Il faut cependant y aller à petite dose et ne pas tout lire d’un trait, le résultat étant peut-être trop répétitif.
Pour rester dans le thème, consultez notre critique du roman Baiser de Marie Gray! Bonne St-Valentin!
L'avis
de la rédaction