LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Le livre de poche
Mathias Freire est un psychiatre solitaire et taciturne qui exerce dans un hôpital psychiatrique de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Une nuit, on lui amène un patient trouvé prostré à la gare de Bordeaux. C’est un amnésique qui fait une fugue psychique (ou dissociative) caractérisée par une amnésie concernant l’identité personnelle. Freire l’appelle un «voyageur sans bagage», sans doute en référence à la pièce de théâtre de Jean Anouilh, parue en 1937, et mettant en scène un amnésique.
Le lendemain, un cadavre est découvert dans cette même gare, dans une mise en scène faisant penser au mythe du Minotaure. C’est Anaïs Chatelet, une jeune capitaine de police bourrée de tranquillisants, qui hérite de l’enquête sur le meurtre. Les deux affaires semblent liées: l’amnésique pourrait avoir été témoin du meurtre. Anaïs Chatelet et Mathias Freire sont donc amenés à partager leurs informations, même s’ils divergent sur la façon dont ils souhaiteraient mener leur propre enquête. Freire veut aider son patient à retrouver sa mémoire, tandis que Chatelet veut trouver le meurtrier.
Pour le psychiatre, tout bascule le jour où il échappe d’un cheveu à deux mystérieux hommes en noir qui veulent le tuer. Il découvre dans la foulée qu’il souffre de la même pathologie que son patient et, de plus, qu’il est suspecté du meurtre du Minotaure. Commence alors une cavale effrénée au cours de laquelle Freire tente de découvrir la vérité sur ses identités précédentes (car il en a eu plusieurs), en espérant trouver les preuves de son innocence. La jeune capitaine se lance à sa poursuite tout en étant convaincue qu’il n’est pas le meurtrier, mais seulement un témoin (elle a un faible pour lui).
Le rythme de la narration accroche le lecteur, notamment à partir de la deuxième partie qui se déroule dans le milieu des sans-abris, à Marseille: les descriptions sont très intéressantes et très réalistes (l’auteur a été journaliste). Les personnages sont bien campés et les dialogues sont percutants, avec une pointe d’humour. Le lecteur ne s’ennuie donc pas, cependant il peut tiquer quand les concours de circonstances et les rebondissements frisent l’invraisemblance.
La fin du roman est malheureusement un peu décevante, car près avoir maintenu le lecteur dans un état de grande intensité pendant 800 pages, la tension redescend subitement dans la dernière partie. La complexité de l’histoire nécessite un long exposé pour expliquer au lecteur l’origine de l’enchevêtrement des identités de Freire et le rôle de l’entreprise Mêtis. La révélation de l’identité du meurtrier manque particulièrement de relief.
Malgré cela, ce best-seller séduit par son efficacité et la complexité du scénario. Une adaptation par Luc Besson pour la télévision française est actuellement en cours de tournage, avec Jean-Hugues Anglade dans le rôle de Freire. Le dixième roman de Jean-Christophe Grangé, Kaïken, a paru chez Albin Michel en 2012.
«Le passager» de Jean-Christophe Grangé, Le livre de poche, 2013, 984 pages.
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de la rédaction