LittératureRomans étrangers
Crédit photo : Éditions First
L’auteure met en scène une jeune femme qui nous livre avec candeur ses réflexions sur des activités toutes simples telles que manger, dormir, se laver, travailler et interagir avec les autres. Les observations perspicaces de Colombe Linotte transcendent l’apparente banalité du quotidien. Elles démontrent aussi un grand sens de l’autodérision couplé à une bonne dose de bienveillance par rapport aux petites manies de tout un chacun. L’auteure fait mouche à chaque page, avec légèreté et humour.
«J’avais le bras trop court, la vitre trop haute, la voiture trop loin ET MA CEINTURE. Il me semble aussi avoir vu une rivière de lave entre moi et le distributeur de tickets de parking.»
La narratrice raconte aussi ses relations avec «le Mâle», «Luluchatigré», divers objets récalcitrants et des collègues de travail. La dynamique du couple formé par le Mâle (un intellectuel écolo-sectaire féru d’histoire et de politique) et la sympathique tête de linotte (un brin râleuse, plutôt portée vers la téléréalité, la chicklit et la nourriture pré-emballée) rappellent souvent celle des personnages de la série télévisée Un gars, une fille, créée par Guy A. Lepage en 1997.
«Tu dors? ai-je demandé au Mâle.– Demande à Marie Stuart, m’a-t-il répondu. J’ai ri au jeu de mots et j’ai encore feint d’avancer un peu dans l’Histoire de France mais au premier ronflement, j’ai sorti mon Twilight planqué sous l’oreiller (JACOB OU EDWARD?).»
Les portraits de la chatte Luluchatigré (collectionneuse d’élastiques à cheveux, entre autres caractéristiques) sont également savoureux:
«VENGEANCE. Luluchatigré a traversé tout le jardin sous l’œil d’un chat ennemi avec un mouton de poussière accroché à la moustache droite. Je tiens ma revanche (en chat, avoir un truc accroché à la moustache équivaut à une braguette ouverte.)»
Tout le monde peut se reconnaître, à un moment ou à un autre, dans l’évocation des petits tracas qui font sourire une fois que l’on prend du recul. Cela explique certainement le succès du blogue de Colombe Linotte, dont Le mystère de la chaussette orpheline est une continuité. Tout en finesse, l’auteure dépeint les moments anodins qui, en fin de compte, sont bien agréables à vivre et tissent notre quotidien.
«Hier soir, j’ai bien fait d’insister pour regarder Le Grand Bêtisier. Le Mâle a ri quand le type est tombé d’une barque, j’ai ri quand les blancs en neige sont tombés du bol, Luluchatigré a ri à un moment insignifiant (mais elle ne regardait pas dans la bonne direction) (on a passé une bonne soirée).»
«Le mystère de la chaussette orpheline et autres tracas du quotidien» de Colombe Linotte, Éditions First, 2013, 160 pages, 16,95 $.
L'avis
de la rédaction