«Le Museum» de Marie-Anne Legault – Bible urbaine

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«Le Museum» de Marie-Anne Legault

«Le Museum» de Marie-Anne Legault

L'expérience d'une écriture troublante

Publié le 22 septembre 2013 par Marie-Pierre Laëns

Crédit photo : Québec Amérique

Avec Le Museum, Marie-Anne Legault fait une entrée remarquable sur la scène de la littérature québécoise en offrant une nouvelle voix, un nouveau style d’écriture qui porte pourtant en lui un héritage littéraire certain. Périple fantasque et fantastique, ce roman plonge le lecteur dans un univers dénué de tout repère, expérience déroutante qui n’est pas sans évoquer l’univers de Lewis Carroll.

Ce qui frappe avant tout dans la lecture de ce livre, c’est l’absence du «je», et la maîtrise de figures de style comme l’anadiplose, qui donne au lecteur l’impression d’avancer dans le brouillard, à tâtons. Cela sert admirablement le propos de cet étrange livre, puisque un brouillard épais y envahit le monde. Le Museum est également un roman qui s’entend, qui s’écoute: Marie-Anne Legault joue avec les sons jusque dans les polices de caractère, et offre ainsi au lecteur une expérience hors norme, le guidant non pas à la vue, mais à l’ouïe. Ce procédé, très habile, permet d’expérimenter le cheminement dans ce monde privé de couleurs et de reliefs, de points de repère visuels.

La narratrice, Docteure ès disparitions, va partir à la recherche du Museum, lieu habité par les Muses certainement mais également mémoire du monde. Comme dans l’histoire d’Alice au pays des merveilles, elle fait lors de son périple des rencontres étranges, avec des personnages totalement déjantés et qui tiennent bien souvent des propos qui semblent n’avoir ni queue ni tête, et pourtant… Pourtant le tout se construit petit à petit, de manière élégante mais somme toute un peu prévisible, après avoir tourné en rond; ce n’est pas une critique, puisque c’est quand même un des propos de ce roman. La fin, en revanche, bien qu’amenée depuis plusieurs dizaines de pages, sort comme un lapin de son chapeau. On sait que le lapin va sortir, on sait de quel chapeau il va sortir, on sait même la couleur du lapin et celle du chapeau, mais quand il sort, le lecteur ne peut s’empêcher de penser à un pétard mouillé…

Entre onirisme et surréalisme, Marie-Anne Legault nous offre une expérience de lecture et de voyage inoubliable. Son talent ne fait aucun doute et elle s’impose d’ores et déjà comme une auteure à surveiller. Mais cela ne veut pas dire que l’on aime ce voyage… L’écriture a pris le pas sur l’histoire, alors qu’elles auraient dû se faire l’écho l’une de l’autre. Marie-Anne Legault a mis la barre très haut. Les attentes du lecteur sont à sa hauteur. À lire à voix haute pour décupler le plaisir.

«Le Museum» de Marie-Anne Legault, Québec-Amérique, ISBN: 978-2-7644-2518-3, 226 pages.

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