«Le mur mitoyen» de Catherine Leroux – Bible urbaine

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«Le mur mitoyen» de Catherine Leroux

«Le mur mitoyen» de Catherine Leroux

Un hommage bouleversant à des existences hors normes

Publié le 9 janvier 2014 par Sandra Felteau

Crédit photo : Éditions Alto

Ces temps-ci, les romans qui contiennent plusieurs histoires relatées de manière épisodique ont la cote. À la manière du Babel d’Alejandro González Iñárritu, Nikolski, première publication des Éditions Alto en 2005, a été l’un des premiers romans empruntant cette forme au Québec et s’est mérité le Prix littéraire des collégiens, le Prix des libraires du Québec ainsi que le Prix Anne-Hébert. Alors que certains se sont contentés de surfer sur le succès de cette forme littéraire (que l’on pourrait presque qualifier de roman-nouvelles), Catherine Leroux, que l'on avait découverte en 2011 avec La marche en forêt, s’approprie cette technique d’écriture et reprend la thématique des relations familiales abordée dans son premier roman en la poussant un peu plus loin avec Le mur mitoyen.

Cette image, celle d’un mur qui appartient à deux espaces à la fois, est le point de départ de ce roman en quatre temps. Étant à la fois un élément palpable dans la partie de Carmen et Simon, représentant le mur qui sépare le Mexique et la Californie et qui empêche les gens de traverser librement ce territoire, le mur mitoyen peut aussi receler un grand nombre d’interprétations et susciter de multiples interrogations sur la filiation et le caractère moral de certaines relations.

Entrecoupées d’une courte – mais très touchante – histoire de deux jeunes sœurs à Savannah dans l’état de la Géorgie, trois histoires en bloc mettent aussi en scène un duo. D’abord, Madeleine et son fils Édouard éprouvent beaucoup de difficulté à communiquer depuis la mort de Micha, le père d’Édouard.

De retour d’un long road trip où certaines personnes rencontrées sur son chemin ont pris la direction de la maison familiale pendant son absence, Édouard amène avec lui une nouvelle qui changera radicalement sa vie et celle de sa mère. Ensuite, Ariel et Marie évoluent dans un Canada futuriste où la situation politique est extrêmement tendue. Ariel est un jeune homme honnête et rempli d’ambition qui tente de prendre le pouvoir.

Alors que l’éventualité de diriger un pays en crise anime Ariel, ce changement radical dans leur vie effraie Marie, qui ne se sent pas vraiment à l’aise dans le statut de Première dame. Et finalement, entre deux secousses sismiques au chevet de leur mère Frannie, une femme dure et amère souffrant de problèmes cardiaques, Simon et Carmen espèrent pour une dernière fois percer le mystère autour de leur père, dont l’identité leur a toujours été cachée.

Ce qui frappe d’abord dans l’écriture de Catherine Leroux, c’est la capacité de partir de situations initiales déjà passablement accidentées et d’y ajouter des révélations qui jettent les personnages dans un questionnement affligeant, rendant la faille encore plus profonde sans alourdir le texte ni trop appuyer sur les émotions.

Un style à la fois simple et riche, des histoires fouillées et adroitement tramées et un souffle qui nous traverse dès les premières pages. Décidément, il est bien difficile de trouver un défaut à ce deuxième roman de l’auteure.

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