LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Actes Noirs
À 8 h 16 précises, un jeune garçon obèse se plante devant le parvis du collège Marmorgade, entre le boulevard H. C. Andersen et Vester Voldgade, dans le centre-ville de Copenhague, dissimulant sous son blouson doublé une mitraillette 9 mm ArmyTocx SA-5. Quelques minutes plus tard, c’est le branle-bas de combat dans l’école, professeurs et élèves étant tous en état d’alerte, alors que le massacre fait de nombreuses victimes dans les couloirs déserts de l’établissement. Étrangement, Maja Norgaard est la seule Danoise à avoir été épargné par le tireur fou juste avant qu’il ne soit assassiné par un tireur embusqué, et c’est justement ce que l’inspecteur Konrad Simonsen, appelé en renfort sur les lieux, va devoir éclaircir auprès de sa collègue Pauline Berg. Croyant à tort que l’adolescent de 16 ans avait peut-être un lien avec l’affaire parallèle Jorgen Kramer Nielsen, retrouvé mort le cou cassé au bas de ses escaliers, Simonsen va devoir chasser les démons de son passé pour concentrer ses énergies sur la résolution de ces deux affaires pour le moins étranges.
La tombée du rideau, qui s’étale sur vingt-cinq pages, est pour le moins bouleversante, car il va sans dire que les fusillades dans les écoles restent des tragédies qui surviennent beaucoup trop souvent au XXIe siècle. À l’aide d’une écriture détaillée et incisive, le ton est d’emblée donné par Lotte et Soren Hammer, nous plongeant comme témoin direct d’une fusillade sans pitié, dont la brutalité du geste nous remet en tête les images-chocs vues dans Polytechnique (Denis Villeneuve, 2009), Elephant (Gus Van Sant, 2003) ou plus récemment dans la série dramatique 19-2 (Podz, 2013). Les auteurs danois ont bien compris que l’intérêt d’un lecteur doit être capté dans les premiers instants de sa lecture, comme un spectateur s’attend à être charmé durant les dix premières minutes d’un film, et ce défi, ils le remportent haut la main. Là où ils ont moins réussi leur coup, c’est au niveau de l’évolution de l’enquête de Konrad Simonden, qui s’étale sur plus de 400 pages, laissant ainsi le lecteur témoin d’une recherche d’indices et de révélations qui progressent à pas de tortue.
Ainsi, on retrouve toujours ce canevas qui s’étire comme un élastique, jusqu’à ce qu’il casse dans les cinquante dernières pages, avec des détails superflus qui ont comme effet direct d’alourdir la lecture, à défaut de faire avancer l’enquête. Peut-être que si les éléments du passé de Simonsen auraient été épargnés, notamment avec son ex et militante Rita, le lecteur aurait été plus en haleine et surtout plus clément à se rendre jusqu’à la toute dernière page.
L'avis
de la rédaction