LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Éditions Alire
Dans l’Inaveu et Un ménage rouge, Richard Ste-Marie a exploité avec brio le volet psychologique des personnages. On comprenait les moindres hésitations, tractations, perceptions et angoisses des protagonistes comme si nous étions dans leur tête. Ces thrillers étaient enivrants et certes percutants. Dans Le Blues des sacrifiés, l’auteur n’arrive pas à faire évoluer ses personnages… L’intrigue est trop complexe, et le dénouement, ennuyeux. Mais qu’est-il arrivé pour que ce nouvel opus dérape ainsi?
Ce thriller commence lorsqu’un jeune policier spécialisé dans l’informatique, Nicolas Turmel, est retrouvé mort chez lui d’une balle dans la tête. Puis, quelques jours plus tard, une femme de Québec est retrouvée elle aussi sans vie. Ces deux meurtres semblent être reliés par l’arme utilisée: un vieux flingue rare et interdit au Canada. L’inspecteur Francis Pagliaro mène donc cette enquête et y découvre des suspects plus louches les uns que les autres: un musicien syrien intégriste depuis peu, la pègre montréalaise, un gérant de labels musicaux québécois vivant à Las Vegas, etc. Il ressort de tout cela une histoire extrêmement complexe qui se caractérise par une certaine caricature du thriller policier ou du polar habituel. En effet, Richard Ste-Marie ne réinvente pas la roue et ressort des thèmes fréquents en littérature. Donc, il n’y pas vraiment de nouveauté au coeur de l’intrigue.
L’auteur propose un procédé de double narration pour «rythmer» cet ouvrage. Cette idée aurait certainement pu amener un rythme et une tension dans l’histoire. Cependant, celle-ci est plus ou moins convaincante. D’un côté, on retrouve un style narratif omniprésent, notamment lors de l’enquête de Pagliaro. C’est une vision plus détachée que nous offre l’auteur de l’intrigue. Ensuite, on suit l’histoire du point de vue de Louis Collard, le mari de l’une des victimes. À ce moment, le style narratif devient interne, plus personnel, et l’auteur écrit à la première personne du singulier. Après quelques phrases, on convient que cette double narration ne fait que mélanger le lecteur… Aussi, on s’intéresse beaucoup moins à Pagliaro et on le trouve même assez secondaire. Toutefois, mentionnons que le style d’écriture de Ste-Marie est concis et fort à-propos pour ce genre de récit. C’est bien maîtrisé; il a l’expérience.
On attendait Le Blues des sacrifiés avec beaucoup d’enthousiasme, mais les attentes étaient peut-être trop hautes justement. Puisque la musique demeure un thème majeur de cet ouvrage, on peut affirmer que ce roman manque de rythme et que la mélodie est hélas!, déjà connue.
«Le Blues des sacrifiés» de Richard Ste-Marie, Éditions Alire, 364 pages, 27,95 $.
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