«L'analphabète qui savait compter» de Jonas Jonasson – Bible urbaine

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«L’analphabète qui savait compter» de Jonas Jonasson

«L’analphabète qui savait compter» de Jonas Jonasson

Où il est question d’une jeune noire pourtant bien lettrée

Publié le 13 janvier 2015 par Tanya Girard

Crédit photo : Presses de la Cité

Du même auteur que le roman à succès Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, récemment adapté au cinéma, L’analphabète qui savait compter de Jonas Jonasson est un ouvrage raffiné en humour. L’ironie de l’auteur nous plonge dans une histoire surprenante et remplie de rebondissements, qui motive les lecteurs à terminer le livre en quelques jours.

C’est dans les années 1960 que nous faisons la rencontre de Nombeko Mayeki, une jeune noire âgée de 14 ans, très allumée, orpheline et videuse de latrines, laquelle habite dans l’un des plus grands ghettos d’Afrique du Sud, nommé Soweto. Cette dernière a un talent inné pour les mathématiques; on le comprend rapidement lorsqu’elle trouve les probabilités exactes pour qu’une situation quelconque survienne ou, encore plus, lorsqu’elle ose reprendre les mauvais calculs de son supérieur.

On peut croire, dès le début du roman, qu’elle est malheureusement née pour un destin triste et pitoyable, comme la plupart des analphabètes de cette région (c’est ainsi qu’on les appelait, sans nécessairement savoir s’ils l’étaient vraiment, simplement parce qu’on ne leur accordait aucune importance), mais il est facile de comprendre que cela en sera tout autrement pour cette jeune fille.

Nombeko s’évadera de Soweto pour finalement se retrouver à Johannesburg, une ville située à quelques kilomètres de sa ville natale, parce qu’un ingénieur ayant trop bu la fauchera sauvagement en voiture. Elle se retrouvera, au final, chez cet ingénieur à payer sa peine, bien qu’elle n’y soit pour rien!, en étant femme de ménage pendant plus d’une dizaine d’années. Nous apprendrons ensuite que ce travailleur était l’une des personnes importantes chargées de la mission nucléaire de l’Afrique du Sud. Nombeko sera donc, malgré elle, impliquée dans cette histoire entourant la création de bombes nucléaires.

Durant son périple, elle fera la rencontre de plusieurs personnages colorés, dont deux jumeaux portant le même nom, Holger et Holger, mais étant complètement différents, trois sœurs chinoises un peu incultes, et une fille frustrée. Ces personnes, auxquelles des chapitres leur sont parfois entièrement consacrés pour décrire leur histoire, changeront le destin du personnage principal. 

Ce roman de Jonasson nous en apprend davantage sur l’histoire politique, avec ses multiples capsules discrètement introduites à travers le livre. Toutefois, quelques passages sont parfois lourds à lire, surtout pour les ignorants des domaines politique et historique. À certains moments, une recherche s’impose si les lecteurs veulent bien comprendre les principaux enjeux de cette époque, aux termes du marxisme, du capitalisme, de l’apartheid de Pretoria, de la hiérarchie sociale-démocrate, du peuple soviétique, pour n’en nommer que quelques exemples.

De plus, l’utilisation du passé simple et l’emploi d’expressions peu familières peuvent brimer la fluidité de la lecture. Malgré tout, les dernières pages de l’oeuvre valent la peine d’être lues, puisqu’elles nous plongent directement dans l’action. Il reste que ce roman est un petit bijou; un livre que monsieur et madame Tout-le-Monde devraient avoir dans sa bibliothèque.

L’analphabète qui savait compter est en vente dans toutes les bonnes librairies, au même titre que Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, le premier roman de Jonas Jonasson.

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