«La tempête» de Gabriel Anctil aux Éditions XYZ – Bible urbaine

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«La tempête» de Gabriel Anctil aux Éditions XYZ

«La tempête» de Gabriel Anctil aux Éditions XYZ

Un éclatement familial décevant

Publié le 18 mars 2015 par David Bigonnesse

Crédit photo : Éditions XYZ

La crise du verglas qu’a connue le Québec à l’hiver 1998 a certainement contribué à réconcilier de nombreuses familles, mais elle a aussi fait éclater les liens entre plusieurs membres de la parenté. C’est d’ailleurs ce qui arrive au sein du roman La tempête de Gabriel Anctil, alors que l’obligation de se côtoyer devient insoutenable et mène aux révélations douloureuses pour tous.

Jean et ses parents Marie et Louis, petite famille montréalaise, doivent quitter Notre-Dame-de-Grâce, un des quartiers assez amoché par le verglas qui s’abat sur la province. L’idée de passer quelque temps dans la famille de Marie ne plaît guère aux trois concernés. Ces derniers fréquentent assez rarement la parenté, et le lecteur découvrira bien vite pourquoi. Après quelques questionnements angoissants, la destination Outremont les attend. Dans la résidence de ce quartier des biens fortunés habitent Irène, la mère de Marie, ainsi qu’Arthur, le frère de celle-ci et sa femme Manon. Le jeune Jean âgé de 14 ans assistera alors, dès le jour 2, à des scènes intenables, dans lesquelles la vraie nature des êtres qui l’entourent s’exhibe pour le pire. Sa position d’observateur troublé se métamorphosera inévitablement en celle d’acteur, lorsque le ras-le-bol fait surface.

On découvre que l’oncle Arthur aime s’exprimer. Des histoires racontées dans les détails, des commentaires plus ou moins pertinents sur la société et les gens ainsi que la colère. Une colère que l’on pourrait qualifier d’extrêmement dérangeante, mêlant jurons, forte intonation et inutiles indignations. Au même moment, le caractère, les manies et les choses tues des personnages se dévoilent peu à peu: la grand-mère défend tout le temps son fils en dédramatisant l’inexcusable, Marie angoisse et retrouve le même frère avec lequel les liens sont tendus, Manon semble prendre plaisir aux dérapages de son homme, etc.

Entre les repas préparés, l’écoute des bulletins de nouvelles, le manque d’eau et l’achat de nourriture et de matériel essentiels pour la survie quotidienne, la tension dramatique s’accentue. On saisit bien que la tempête ici est bien sûr à l’extérieur, mais qu’elle se trouve surtout à l’intérieur des murs de cette demeure. L’auteur fait bien sentir que ce qui se trame entre les membres de cette famille est bien plus dévastateur et aura des relents plus profonds que cette crise hivernale hors de l’ordinaire.

Scindé en quatre parties, pour les quatre jours de ce mois de janvier inoubliable, le roman de l’auteur Gabriel Anctil déçoit malgré une intrigue qui titille véritablement au départ. L’idée d’avoir campé cette histoire lors de la crise du verglas de 1998 au Québec s’avérait fort intéressante, sauf que le lecteur reste en manque de substance. L’écriture fade déçoit et une certaine absence de profondeur générale, difficilement traduisible, amène le lecteur à être peu imprégné par ce récit. Il manque peut-être une recherche formelle pour les parties narrative et descriptive de ce livre, donnant l’impression que l’ébauche est restée prise dans La tempête.

La tempête de Gabriel Anctil, Éditions XYZ (coll. Quai no 5), 2015, 224 pages, 21,95 $.

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