«La Sorcière du Palais» de Sophie Bérubé: fiction ou portrait cynique d’un Québec corrompu? – Bible urbaine

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«La Sorcière du Palais» de Sophie Bérubé: fiction ou portrait cynique d’un Québec corrompu?

«La Sorcière du Palais» de Sophie Bérubé: fiction ou portrait cynique d’un Québec corrompu?

Publié le 18 novembre 2012 par Éric Santerre

Dans son dernier roman, Sophie Bérubé nous transporte littéralement dans un monde où il devient difficile de dissocier la fiction de la réalité tellement l’histoire colle avec la société québécoise d’aujourd’hui. Julie De Grandpré, une avocate de la défense et ancienne procureure de la couronne, a disparu et personne ne semble accorder la moindre importance à celle qu’on appelle la sorcière. Mathieu Langlois, inspecteur chargé des personnes disparues au SPVM, est responsable de l’enquête. Lancé sur de nombreuses pistes toutes plus complexes les unes que les autres, l’inspecteur Langlois se sent de plus en plus attiré par cette mystérieuse avocate qui, apparemment, cache de lourds secrets. Aurait-il été ensorcelé par La Sorcière du Palais?

Avec La Sorcière du Palais, Sophie Bérubé réussit à nous informer autant qu’à nous divertir. Par le biais de ses deux protagonistes, l’un bien présent et l’autre brillant par son absence, elle nous en apprend sur le système judiciaire et criminel du Québec. Sur un ton léger et une écriture plutôt minimaliste, on se sent invariablement attiré par son histoire. Chaque page soulève un élan de curiosité, on se sent proche de l’inspecteur Langlois tant on en vient à vouloir découvrir coûte que coûte ce qui est arrivé à la belle avocate, mais également les circonstances qui entourent son passé. En fait, l’histoire ne peut que nous happer et nous tenir enchaîné aux intrigues.

L’inspecteur Langlois, considérant chacune des personnes disparues comme des clients, envers qui il a un réel devoir de les retrouver, est constamment mis au pied du mur par la femme qu’il doit aujourd’hui retrouver. Tantôt belle, forte et insensible, tantôt fragile et meurtrie, cette sorcière nous jette un sort dès les premiers instants. Au risque de faire tomber de nombreuses têtes, Mathieu Langlois devra creuser dans le passé de Julie De Grandpré pour faire ressurgir la vérité pour que, tel un tour de passe-passe, elle réapparaisse enfin.

Une chose est sûre, il s’agit d’une histoire documentée à la perfection, enrichie à de nombreuses reprises par les connaissances et expériences professionnelles de l’auteure. Cette dernière a occupé et occupe toujours plusieurs postes semblables à ceux de ses personnages. D’avocate à animatrice, en passant par le journalisme, Sophie Bérubé sait de quoi elle parle.

Autant les amateurs de romans policiers que ceux de l’actualité politique y trouveront leur compte, puisque lorsqu’on se plonge sincèrement dans la lecture de ce roman on y voit parfois un léger reflet de l’actualité des derniers mois. Disons seulement que mafia et corruption font partie du champ lexical du récit. Petite anicroche, cependant: il peut arriver qu’on se perde un peu dans le nombre de personnages que contient le récit, certains étant plus ou moins importants que d’autres. On en vient donc parfois à oublier qui est qui.

Pour son deuxième roman, l’auteure de Sans antécédents (2011) a réussi un coup de maître en imaginant autant d’intrigues qui nous tiennent en haleine du début à la fin. À vous, à présent, de vous laisser envoûter par le thriller judiciaire La Sorcière du Palais.

Appréciation: ****1/2

Crédit photo: Les Éditions Goélette

Écrit par: Éric Santerre

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