LittératureLa petite anecdote de
Crédit photo : Cassandra Gauthier
«Catherine, ta vie, là, c’est vraiment comme un film!»
C’est une phrase qui revient souvent lorsque je partage, autour d’une table garnie entre amis, mes dernières péripéties du mois.
J’ai toujours eu cette flamme en moi, celle qui me pousse à vivre chaque moment intensément, à la rencontre de nouvelles sensations que j’ignore encore, à mordre dans l’inconnu et l’aventure. Il était évident que ma vingtaine ne ferait pas exception.
J’ai dix-neuf ans, je quitte le cocon familial niché à Saint-Colomban, dans les Laurentides, pour m’installer dans un appartement que je signe spontanément avec mon chum de l’époque. Nous n’avons ni expérience ni argent ni travail assuré en ville.
Le déménagement est prévu dans un mois.
Je débarque à Montréal, dans mon nouvel arrondissement de Rosemont-La-Petite-Patrie, tout près du Plateau. C’est l’inconnu, mais je découvre cette nouvelle vie à deux.
Ensemble, la peur est moins présente.
J’aime mon nouveau quartier, mais je ne le connais pas encore. La pandémie fait obstacle, m’empêchant de découvrir pleinement la belle grande ville qui m’a longtemps intriguée, même si j’y habite depuis cinq mois.
Je reste une étrangère en milieu urbain.
J’ai vingt-deux ans, je décide de découvrir ma ville en solo. Je choisis de briser ce qui était attendu de moi: j’ai besoin d’être complètement seule pour me retrouver dans cette atmosphère qui me donne le vertige. Je mets donc fin à une relation de cinq ans pour entamer de nouveaux départs.
Je trinque à ce futur qui s’embrouille joliment.
L’envie de tout vivre, de tout découvrir, de rencontrer des gens par dizaines, de me redécouvrir à travers le regard d’un nouvel homme, de provoquer des changements, voire des tremblements dans le bas ventre, devient mon principal moteur.
Je caresse les anecdotes qui me donnent des papillons, les regards qui m’enivrent, les chaleurs de ma grande période de célibat. Les anecdotes contemporaines se multiplient dans ma tête, je dois tout écrire, tout photographier, pour me souvenir de cette liberté nouvellement acquise. J’embrasse ma solitude qui me donne un teint plus rose, qui m’invite à ralentir, à écouter la femme fière que je suis devenue.
Je savoure pleinement ce nouveau mode de vie que je célèbre depuis déjà deux ans. Je dis oui à chaque opportunité de créer de nouveaux souvenirs, tout en sachant dire non lorsque j’ai besoin de faire une pause dans le récit de ma vie.
C’est à travers des soirées de canicule, dans l’imaginaire urbain, dans les parcs et les ruelles vertes, parfois même ailleurs pour un court instant, dans les bars à vin, au soleil ou sous la pluie, et même dans le confort de mon nid, que mon deuxième projet littéraire, intitulé Les chaleurs urbaines, a vu le jour.