«La main d’Iman» de Ryad Assani-Razaki – Bible urbaine

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«La main d’Iman» de Ryad Assani-Razaki

«La main d’Iman» de Ryad Assani-Razaki

La face cachée de l’Afrique

Publié le 21 février 2012 par Éric Dumais

Crédit photo : L'Hexagone

Après avoir reçu le prix Trillium pour son chef-d’œuvre Deux cercles, un recueil de nouvelles chaudement salué par la critique en 2009, l’écrivain Ryad Assani-Razaki récivide avec La main d’Iman, son premier roman paru aux éditions de L’Hexagone et grâce auquel il s’est mérité le prix Robert-Cliche ainsi qu’une bourse de 10 000 $.

La main d’Iman est un drame réaliste à haute teneur poétique à travers lequel Ryad Assani-Razaki relate une histoire singulière et poignante se déroulant sur trois générations. Le récit, qui met en scène de jeunes Africains, fait alterner une pléthore de voix narratives qui racontent à tour de rôle un épisode de la face cachée de l’Afrique. Et, la beauté d’un chef-d’œuvre comme celui-ci, c’est que chaque point de vue narratif apporte une dimension nouvelle à l’histoire, à savoir une clé, une vérité, un indice, afin que le lecteur, curieux et avide de savoir, s’émerveille devant le plan d’ensemble.

Les protagonistes, Toumani, Iman et Alissa, sont de jeunes Africains, noirs et esclaves, et certains d’entre eux ont vu, dès leur plus jeune âge, leurs parents les vendre à de riches commerçants dans le but de leur offrir, un jour, un avenir meilleur. Ils ont grandi dans la peur, loin de leur famille, ont travaillé dur, trop dur, et ils ont parfois été maltraités sauvagement, cruellement. La main d’Iman, c’est un drame en plusieurs volets mettant en scène une Afrique noire plus cruelle et plus sanguinaire que jamais. Au fil des chapitres, ce ne sont pas seulement des tragédies dignes d’un mélodrame qui se succèdent devant nos yeux horrifiés, mais plutôt une attention démesurée portée à l’image, à la poésie et à la rhétorique. Ryad Assani-Razaki possède un sens infini de la métaphore, lui permettant de raconter une histoire, aussi dure soit-elle, et de la mettre en images et en émotions par le pouvoir infini des mots.

«Combien de temps ai-je passé dans ce trou, dans l’obscurité? Un jour? Plusieurs jours? Une semaine? Je ne sais pas. Je suis resté ainsi, étalé sur le ventre et j’ai attendu la mort. J’avais froid, j’avais mal. Tout mon corps n’était que plaies béantes. À un moment, j’ai entendu des rats approcher. Au début, j’ai remué un peu pour les effrayer. Mais peu à peu, ils ont dû comprendre que je n’avais plus de forces. Je n’étais qu’un grand morceau de chair saignante. Quand j’ai commencé à sentir leurs museaux contre mes plaies, j’ai su que je n’étais plus humain.»

La main d’Iman confronte le lecteur aux chapitres les plus noirs d’un continent ayant longtemps connu les misères, les tragédies et les guerres, drames qui perdurent, hélas!, encore aujourd’hui au XXIe siècle, et ce, dans un style d’écriture relevant de la finesse et de la sensibilité. Les amoureux de la langue française ne sauront résister à ce petit bijou de la littérature contemporaine.

«La main d’Iman»
Éditions L’Hexagone
325 pages
27,95 $

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