LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Éditions Albin Michel
«On ne naît pas monstre, on le devient. La cruauté est le virus de l’humanité, hautement contagieux»
Je ne sais pas pour vous, mais j’ai toujours trouvé que la force de Maxime Chattam résidait davantage dans son talent à faire vivre des expériences horrifiantes à ses personnages que dans l’élaboration d’un thriller qui tient en haleine jusqu’à la dernière page. En tout cas, moi il m’est arrivé à quelques reprises de tourner de l’œil – non par dégoût – tellement je n’arrivais pas à entrer, pour vrai, dans le récit.
Mais avec cet opus qui précède Lux (que j’ai bien hâte de lire prochainement), Chattam a réussi à m’épouvanter devant le drame humain auquel sont confrontés les enquêteurs, dont Ludivine Vancker, qui reprend ici du service au DSC de Pontoise, le Département des sciences du développement où elle a été mutée à la suite de ses services à la SR de Paris.
Je vous le dis en toute franchise: l’auteur, avec cette histoire de fou, m’a cette fois gardé en haleine jusqu’à la fin. Bien joué, Chattam!
«En matière de monstres, Ludivine en connaissait un rayon. Sous toutes leurs formes. Des plus abominables à ceux dont le sourire peut endormir la méfiance, les pires. Elle les avait décortiqués, explorés sous toutes leurs coutures, si nombreuses, témoignages des blessures sauvages que la plupart avaient subies durant leur enfance.»
Même à ça, Ludivine Vancker – en bonne profiler – n’était pas prête à découvrir les atrocités commises par celui qu’ils ont surnommé Charon, un tueur récidiviste qui a collectionné, sur plusieurs années, les corps de femmes, la plupart des brunes, ses petites favorites, qu’il a d’abord violées avant de les brutaliser et d’y laisser, une fois qu’il leur a ôté la vie, sa singulière signature: une tête d’oiseau enfouie profond dans leurs parties intimes.
Mais le pire dans tout ça? Il y aurait plusieurs Charon: Charon 1, Charon 2, Charon 3… Comment les enquêteurs vont-ils réussir à mettre fin au carnage avant que l’assassin, ou les assassins, dis-je, ne fassent d’autres victimes?
En vrai, ce qui m’a le plus séduit avec cette histoire épouvantablement horrifiante, c’est le talent de Chattam à reproduire, en mots, la même dose d’adrénaline qu’on peut ressentir au cinéma. Certaines scènes à travers ce récit m’ont carrément donné l’envie de me ronger les ongles – bon vieux réflexe d’anxiété chez moi – signe qu’il n’y est pas allé de main morte!
Et ça, c’est justement l’effet anxiogène que je recherchais à travers ses anciennes publications, je pense, entre autres à Que ta volonté soit faite ou Le signal, qui sont toutes deux de bonnes histoires d’horreur, mais que je n’ai pas forcément eu l’envie de lire d’un trait.
Tandis qu’avec La constance du prédateur, à aucun moment je n’ai eu l’envie de stagner en cours de route tellement le suspense est bien dosé. Et ce, jusqu’au tableau final où Ludivine Vancker se jette carrément dans la gueule du loup, seule et sans renfort. Peu plausible dans la réalité, mais quelle finale!
Si vous cherchiez le «bon» Maxime Chattam à vous mettre sous la dent, plus encore que L’illusion (2020), ou simplement un thriller de qualité à lire durant vos temps libres, La constance du prédateur est une valeur sûre pour vous évader de votre bonne vieille routine.
Mais pensez à prendre une grande inspiration avant de vous lancer, car la plongée n’est pas de tout repos.
L'avis
de la rédaction