«La bible de l’athéisme» de Sam Harris

Encore plus choquantes sont les inégalités du discours de Harris à travers les communautés religieuses. Bien qu’elle soit écrite à l’attention des chrétiens, la lettre s’égare à plusieurs moments vers d’autres terrains glissants comme la radicalisation de l’islam. Tandis que des religions comme l’hindouisme et le bouddhisme sont placées sur un piédestal, la religion musulmane est particulièrement perçue de façon négative.

Par exemple, Harris avance que «dans la mesure où il y a un problème de criminalité en Europe occidentale, il est en grande partie le produit de l’immigration. 70 % des détenus des prisons de France, par exemple, sont des musulmans». Si l’on suit une telle ligne de pensée, il faudrait conclure que les musulmans en France sont pour la plupart une bande de criminels, alors que l’auteur reste muet sur la répression et le racisme dirigé contre la population musulmane, qui est même souvent encouragé par le gouvernement.

Au final, Harris livre un exposé accessible dont l’exercice de la pensée critique est prometteur. L’auteur offre une belle porte d’entrée dans le débat sur la laïcité en démontrant qu’il existe une multitude de vérités au-delà de la morale stricte des textes sacrés. Toutefois, Harris perd énormément de crédibilité en laissant l’émotion prendre le dessus sur son raisonnement pourtant très léché. En conséquence, son appel à la raison, bien que nécessaire, se perd dans la polémique sans y ajouter quelque chose de productif.