LittératureBiographies
Crédit photo : Flammarion Québec
Bien plus que le récit d’un voyage à pied, c’est celui d’un voyage de l’esprit que Jean Béliveau couche sur papier. L’homme qui marche fait découvrir une multitude de cultures parfois totalement inconnues, avec un regard bon enfant. Au fur et à mesure de ses rencontres, la transformation de son esprit et la disparition de ses préjugés sont palpables et impressionnants, pierre angulaire de cette aventure.
La complicité que le lecteur développe avec cet homme sympathique est étonnante. Grâce à ses yeux de père quadragénaire, vendeur écrasé par la société de l’hyperproductivité et de la concurrence, il est facile de s’immerger dans les cultures grâce aux points de références que nous fournit ce «Québécois pure laine». Tout au long de son odyssée, Luce, la conjointe indéfectible de Jean, demeure présente par sa force, liant ces deux êtres dans une histoire d’amour hors du commun.
L’anecdote demeure la meilleure arme de ce récit, fourmillant par centaines. Souvent hilarantes, ces anecdotes donnent matière à réflexion et résument dix ans de voyages et de découvertes grâce à leur essence unique. Malgré l’étonnant travail de synthétisation, la marque du temps ne se fait parfois pas assez sentir dans ce récit. Jean Béliveau a énormément changé en dix ans. Son esprit est la toile de ce changement, mais la dernière partie du périple en Asie semble flotter aussi légèrement que les premières années de marche de cet homme.
Les réflexions profondes et même mystiques causées par l’isolement total de certaines régions compensent toutefois en offrant un tableau délirant de l’esprit humain. Béliveau, dans certaines épreuves extrêmement difficiles comme la traversée du continent australien, fouille tous les recoins de son être, jusqu’au bord de la folie. Celle-ci peut sembler difficile à saisir pour le lecteur, mais Béliveau a le mérite d’être authentique et de ne rien cacher des épreuves et défis de sa longue marche.
Accessible, ce récit se gobe en quelques heures de voyage ininterrompu au bout de la terre. Sans prétention, Jean Béliveau offre un regard nouveau au lecteur qui évolue avec lui, réflexion culminant à son retour dans son propre pays, le Canada. Avec sa conscience éclairée, l’homme qui marche donne envie de laisser tomber les barrières et de se lancer dans l’aventure ici-même.
«L’homme qui marche», Jean Béliveau, Éditions Flammarion Québec, Récit, 256 pages, 26,95 $. Pour plus d’information, consultez le www.wwwalk.org.
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de la rédaction