«L’Épivardé» de Guy Lalancette – Bible urbaine

LittératureRomans québécois

«L’Épivardé» de Guy Lalancette

«L’Épivardé» de Guy Lalancette

Poésie réinventée?

Publié le 1 avril 2013 par Éric Santerre

Crédit photo : L'Hexagone

Dans ce roman, Paris Dumauriac est un auteur un peu pathétique. Dans son appartement de la rue Papineau, à Montréal, il ne cesse de remettre à plus tard son succès tant attendu comme auteur populaire. Il lui faut écrire un roman, mais pas n’importe lequel, l’un de ces romans de 400 pages, ces briques populaires qui rapportent aux auteurs un succès instantané. Sa vie doit maintenant prendre un sens et il se doit de sortir de l’ombre et d'enfin devenir l’auteur de talent supposément enfoui en lui. 

Publié aux éditions de L’Hexagone en 2012, L’Épivardé est le plus récent livre de Guy Lalancette, auteur à succès de plusieurs romans, dont Le bruit que fait la mort en tombant (2011). L’auteur québécois, originaire du Lac St-Jean, situe cette histoire dans une Montréal qui, au premier abord, nous apparaît légèrement insipide et triste, mais qui est vite ravivée par des personnages haut en couleurs. Passé trouble et éthique peu commune, les Lisbonne et les Lambert-Louis, personnages tout aussi complexes que l’origine de leurs noms, portent des réflexions et inventent leur vie à chaque page. 

L’Épivardé n’est pas de ces romans légers qu’on lit seulement pour s’évader et échapper aux réflexions qui pulsent nos vies. L’histoire se déroule de façon plutôt lente et l’ajout constant de personnages complexes à l’histoire ne fait qu’accentuer cette lourdeur. On a de la difficulté à trouver ce que les personnages viennent apporter à la vie de Paris Dumauriac. On en vient même parfois à chercher dans les pages précédentes qui était untel ou unetelle, et surtout quelle est la relation entretenue avec le fil du récit. 

Dans L’Épivardé, la plume de Guy Lalancette demeure, néanmoins, tout à son honneur. En effet, le style plutôt poétique ajoutant 1001 figures de style au texte est la force de ce roman. L’écriture de l’auteur nous fait même parfois oublier qu’il s’agit d’un récit plutôt qu’un recueil de nouvelles poétiques. 

Pourtant, la difficulté avec l’œuvre de Guy Lalancette est sans contredit due aux interminables apitoiements et rêvasseries, puis les vies quelque peu pathétiques des personnages peuplant le roman. On a souvent l’impression de vivre le parcours d’individus habiles mais incapables de mener leurs projets à terme. Ceux imaginés par l’auteur semblent condamner à une vie misérable comme si tout était prédéterminé et qu’ils ne désiraient pas se salir les mains pour changer les choses. 

Au final, on peut apprécier cette œuvre pour la poésie dont fait preuve l’écriture de l’auteur et pour la profondeur des réflexions personnelles que suscite en nous la lecture de ces pages. Il s’agit réellement d’un livre d’une grande profondeur, mais le problème reste qu’on s’y perd, majoritairement dans l’intensité dépressive des personnages.

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