LittératureRomans étrangers
Crédit photo : Michel Lafon
Il lui faut bien évidemment un certain temps avant de réaliser ce qui cloche chez lui; ses mouvements, souvent lents et saccadés, ne semblent pas synchronisés avec le reste de son corps; lorsqu’elle se promène dans Central Park à ses côtés certaines gens se retournent comme s’ils étaient des hurluberlus; comment aurait-elle pu deviner que Stephen n’était pas un être comme les autres? Lorsque vint le jour où elle fit les présentations à son frère Laurie et qu’il pensa immédiatement que sa sœur benjamine était devenue folle.
Au premier abord, Invisibilité semble en tous points un roman à l’eau de rose, aspergé ici et là d’allusions romantiques qui nous forcent à deviner le caractère imprévisible de la majorité de ces histoires, qui se finissent, on ne se le cachera pas, toujours bien. Mais Andrea Cremer et David Levithan avaient d’autres ambitions, comme celle d’intégrer fantaisie et magie à cette histoire au premier abord simpliste, nous plongeant plutôt dans un New York où des lanceurs de sorts répandent le mal autour d’eux, ce qui explique en partie la situation malheureuse de Stephen.
«Les malédictions ne tuent jamais directement. On est obligé de vivre avec, de souffrir le martyre très longtemps»
Au dehors, des gens qui n’ont rien demandé à personne, essaient de héler un taxi sans jamais être capable d’en trouver un, d’autres mangent de la terre, s’inhument en plein parc, essaient de trouver l’inspiration créatrice sans jamais réussir à colorier le canevas, mais que se passe-t-il donc? C’est ce que le trio, composé de Stephen, Elizabeth, Laurie et d’autres personnages excentriques, vont tenter d’éclaircir, aventure qui ne sera toutefois pas sans danger.
On prend un certain plaisir à suivre les tribulations de ces adolescents qui n’ont rien à perdre pour sauver leur nouvel ami, dans ce style d’écriture simple mais efficace qui nous entraîne bien vite vers un dénouement certainement prévisible, mais reste qu’Invisibilité demeure un petit divertissement qui se dévore bien en vacances.
«Invisibilité» d’Andrea Cremer et David Levithan, Michel Lafon, 430 pages, 27,95 $.
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de la rédaction