LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : JC Lattès
Au début du récit, Robert Langdon émerge d’un long sommeil frôlant les 48 heures, amnésique et porteur d’une grave blessure à la tête. L’infirmière de garde Sienna Brooks, alors qu’il était inconscient, a trouvé dans la veste de ce dernier un cylindre de métal poli d’une dizaine de centimètres, enrobé d’une enveloppe en titane sur laquelle se trouve un pavé de reconnaissance d’empreintes que seul Robert Langdon est en mesure d’ouvrir. Avec sur son flanc le symbole moderne du «danger biologique», il ne fait nul doute qu’un produit biologique dangereux se trouve à l’intérieur. Pourquoi Robert Langdon était-il en possession de ce mystérieux objet? Le héros, qui a perdu sa mémoire à court terme, va devoir à ses risques et périls découvrir qui est son inventeur et dans quel dessein il l’a créé.
Et dans quelle exquise ville européenne Robert Langdon devra-t-il fuir ses ennemis tel un Jason Bourne à la recherche de son identité? À Florence, cité italienne où a vécu nul autre que le poète Dante Alighieri, créateur de La Divine Comédie, l’un des textes les plus importants de la littérature et autour duquel tourne l’action principale. Ce poème épique, qui contient pas moins de 14 233 vers, raconte la descente aux enfers de Dante, son expédition à travers le purgatoire et son arrivée au paradis. Évidemment, Langdon devra s’activer les neurones et réfléchir rapidement, car il se cache, derrière l’allégorie du grand poète, la clé qui lui permettra d’éradiquer la terrible menace qui semble peser sur la race humaine.
Dan Brown ne fait jamais les choses à moitié et cela ne l’a pourtant pas empêché de rencontrer un franc succès avec ses romans phares Da Vinci Code (2004) et Anges et démons (2005), qui ont tous deux adaptés pour le grand écran. Mais avant d’être un auteur célèbre et la risée des intellectuels, il était d’abord et avant tout un professeur d’histoire de l’art qui a très tôt compris que l’essence même de l’écriture repose sur la maîtrise de son sujet, et sur ce point, Dan Brown excelle sans aucun doute.
Malgré la solidité des fondations d’Inferno, qui reste un excellent page turner dans la lignée de son roman précédent, Le symbole perdu, Dan Brown aurait cette fois-ci gagné à surprendre davantage son lecteur au dénouement et à alléger son texte d’informations factuelles qui auraient davantage eu leur place dans une version illustrée et commentée en dehors du récit lui-même. Car dynamiser un suspense où l’auteur s’attarde de façon pointilleuse sur les détails de la viale Niccolò Machiavelli, sur les attraits de la piazza del Duomo ou encore sur l’année de construction du il salone dei Cinquecento est presque chose impossible et surtout une épreuve pour le lecteur avare de péripéties.
Ainsi, malgré la grande érudition de Dan Brown et son aisance à nous embarquer dans une histoire beaucoup plus légère mais tout aussi enivrante que celles de Robert Ludlum, il est extrêmement difficile de se laisser embarquer dans cet Inferno. Pas que l’histoire ou les péripéties laissent à désirer, mais l’auteur y est allé fort avec ses connaissances de la mythologie, de l’art et de l’histoire européenne qui alourdissent à trop d’endroits ce récit qui mériterait davantage un support visuel et une cinquantaine de pages en moins. Espérons qu’une prochaine fois Dan Brown laissera plus la chance à son lecteur de participer à l’évolution de l’intrigue, comme c’était le cas avec son excellent et moins prévisible Da Vinci Code.
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de la rédaction