LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Jean-Michel Cholette (Éditions Alire)
Et il y a de quoi étonner Monsieur et Madame-Tout-le-Monde: des autocaravanes et fourgons en piètre état occupent une bonne partie de la route des Résistants et on peut lire sur l’un deux, en immenses lettres «Le Humanus Circus». Joël, Martine et leurs enfants Nicholas et Émilie apprendront bien vite que cette troupe d’acrobates et de diseurs de bonne aventure offre un cirque pour adultes dont chacun se rappellera bien longtemps. Très vite, la population de Kadpidi voudra voir ce spectacle, comme piqué au vif, sauf que personne ne s’attendait à une représentation aussi… bouleversante et marquante. D’étranges évènements bouleverseront la tranquillité de la ville et la majorité croit que ces marginaux en sont les responsables. Mais qu’en est-il réellement?
À première vue, l’histoire fait vaguement penser au récit horrifique La peau sur les os de Stephen King, où une tribu de gitans servait les fantasmes sordides de son auteur qui a toujours eu de l’imagination à revendre. Avec Faims, Senécal installe le décor différemment, puisqu’ici aucun sort n’est jeté à la figure du protagoniste; Le Humanus Circus est bien plus qu’un simple spectacle pour adultes, car chaque personne qui y assistera se verra confronter à ses vilaines pulsions peu de temps après. C’est comme si Lux, Sarratou, Regina, Wefa, Wulf, Laurus et Markitos avaient réussi à monter une production qui allait faire réagir ses spectateurs, mais bien plus encore: réveiller des pulsions latentes qui n’attendaient qu’un déclencheur pour faire dérailler un quotidien ennuyeux.
Si Patrick Senécal réussit à nous entraîner insidieusement et avec facilité dans chacune de ses histoires, il en va de même avec Faims, qu’on ne peut s’empêcher de lire d’un trait. Sauf qu’on n’a certainement pas affaire au meilleur roman de l’auteur; l’horreur n’est pas aussi percutante que Sur le seuil, Le vide ou encore Hell.com. Ici, Senécal prouve qu’il peut mener d’aussi bonnes enquêtes policières que Chrystine Brouillet, mais le dénouement ne nous entraîne pas vers un lever du rideau à s’arracher les cheveux. Et n’allez pas croire que Faims est un roman d’horreur: c’est un bon suspense qui trempe à la fois dans le polar et le roman policier, personne ne risque de faire des cauchemars après sa lecture.
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de la rédaction