LittératureRomans québécois
Crédit photo : Leméac Éditeur
Cette histoire, c’est celle de milliers de jeunes victimes d’intimidation, racontée sans censure par une victime. Les agressions, dégradantes et humiliantes, sont décrites en détail, tout comme les envies du narrateur de tuer ses agresseurs. Cette histoire, c’est aussi celle de la directrice qui punit la victime, surprise à frapper un de ses agresseurs, plutôt que l’agresseur lui-même. C’est aussi celle des parents qui ne soupçonnent rien et qui ne s’intéressent pas vraiment à leur enfant, celle d’un répit quand, un plus vieux, prend la victime sous son aile pendant quelques mois, même si les intentions sont hypocrites, et celle d’un ami qui n’est plus vraiment un ami quand il assiste à une scène terrible pendant laquelle il n’intervient pas.
Cette histoire, c’est certainement celle de centaines de milliers, si ce n’est pas de millions, de jeunes victimes d’intimidation à travers le monde.
Par de courts chapitres et une écriture percutante, Patrick Isabelle parvient à faire ressentir au lecteur ce que ressent le personnage lui-même. Que ceux qui pensent qu’il est possible d’éradiquer l’intimidation dans les écoles secondaires en demandant aux victimes de parler et en suspendant les agresseurs pendant une semaine ou deux lisent ce roman et comprennent que c’est beaucoup plus compliqué que cela. Il ne suffit pas d’essayer de se défendre ou de dénoncer. Il n’y a généralement rien qui peut arrêter des jeunes quand ils sont en groupe et qu’ils ont choisi leur victime, et Patrick Isabelle l’illustre merveilleusement bien.
Ce n’est pas une lecture légère et agréable, bien au contraire. Les mots et les phrases nous rentrent dedans comme autant de coups de pieds dans le ventre reçus par la victime, et qui l’amèneront à poser un geste terrible. On essaie pas d’expliquer, de pardonner ou d’énoncer une quelconque morale dans ce roman. On ne fait que détailler les faits, et c’est au lecteur d’en tirer ses propres conclusions, en fonction de son éducation et de ses valeurs. Par contre, c’est probablement à peu près impossible qu’il ne chamboule pas un minimum de personnes qui l’aura entre les mains.
Eux devrait être en lecture obligatoire pour tous les élèves, enseignants et intervenants étudiant ou travaillant dans une école secondaire. Rien de moins.
L'avis
de la rédaction