LittératureRomans québécois
«Euchariste Moisan», le premier roman du cinéaste Denys Arcand
Un classique revisité
Crédit photo : Leméac
Dans un monologue de 79 pages qui se lit aussi rapidement que prend une grange à brûler, Arcand donne la parole à Euchariste Moisan, le personnage de Ringuet. Orphelin élevé par son oncle, il nous raconte sa vie, les malheurs s’enchaînant les uns à la suite des autres. Après avoir connu la richesse et la reconnaissance des habitants du petit patelin des Laurentides qu’il habite depuis toujours, Euchariste perdra tout, jusqu’à devoir s’exiler chez l’un de ses fils aux États-Unis. Sans le sou, il se voit dans l’obligation d’accepter un boulot de gardien de nuit dans un garage d’où on l’imagine nous livrer son histoire, celle de sa terre qu’il aimait profondément, de son argent volé par le notaire, de sa chicane avec le voisin qui lui aura coûté un onéreux procès et de ses enfants qui quittent le nid familial dans l’espoir de jours meilleurs.
«Euchariste Moisan» dresse un portrait touchant du Québec rural marqué par l’industrialisation et l’exode de nombreuses familles vers les États-Unis. Au fil des chapitres, le lecteur est transporté dans une époque qui apparaît lointaine, mais dont les traces sont toujours visibles aujourd’hui. Et on referme le livre, habité par une profonde nostalgie, pensant à nos pères et grands-pères qui ont vécu sur ces terres fertiles, alors qu’il était possible de dire: «en rentrant à la maison, je me suis arrêté chez le notaire prendre un peu d’argent, pis je me suis acheté un coq avec une demi-douzaine de poules.»
Je n’ai jamais lu Trente arpents ni même Un homme et son péché, Le Survenant et autres romans du terroir. Cela dit, par ce texte court et poignant, Denys Arcand transmet le désir de plonger dans ces classiques, ce que les profs de français échouent trop souvent. Après avoir terminé Euchariste Moisan, on a le goût de sauter dans notre calèche pour se rendre au magasin du coin acheter l’œuvre de Ringuet.
Collaborateur
Diplômé en communication, Yannick a un faible pour le milieu culturel depuis qu’il a reçu ses premiers disques de Blink-182, Manau et Serial Joe en 1999.
L'avis
de la rédaction
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