«Deux poids deux mesures» de Sophie Jacmin – Bible urbaine

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«Deux poids deux mesures» de Sophie Jacmin

«Deux poids deux mesures» de Sophie Jacmin

Une paire de seins difficile à porter

Publié le 12 février 2013 par Jean-Francois Lebel

Crédit photo : XYZ

Enseignante et titulaire d’une maîtrise en histoire, Sophie Jacmin nous propose un premier roman aux allures de comédie dramatique. C’est dans le cadre de sa seconde maitrise en création littéraire cette fois-ci qu’elle a rédigée Deux poids deux mesures. On y rencontre Caroline Duval, victime de ses bonnets double F, que l’on suit dans ses mésaventures quotidiennes.

Dès les premières pages du roman, nous sommes plongés au cœur de l’action, c’est-à-dire qu’on entre rapidement dans le vif du sujet. Il est donc difficile de résumer l’histoire sans gâcher les surprises que vous réservent cette lecture. Caroline voit tomber le verdict de son médecin sans paniquer, elle voit comme une quasi-libération le fait de devoir subir l’ablation de ses seins pour des raisons médicales. Elle qui a vécu jusque-là avec sa poitrine démesurément volumineuse pense s’en sortir aisément suite à l’opération. Force est de constater que ce n’est pas si simple d’assumer ce nouveau corps. Il y a le regard de l’amant, Pierre. Il y a l’opinion de sa famille, de sa mère surtout. Il y a les railleries au bureau. Il y a surtout soi-même et le miroir pour nous rappeler ces cicatrices, cette absence, ce vide.

Certes, Caroline se lance dans une quête vers de nouveaux seins, mais ce changement radical a aussi réveillé les secrets de famille, tout en chamboulant sa relation avec Pierre. Sa relation difficile avec sa mère ainsi que sa frustration contre son père sont d’autres préoccupations qui occupent ses pensées et à travers lesquelles le personnage se perd lui-même. Complètement déboussolée, en crise identitaire telle une adolescente, elle en vient à se demander: «Ma personnalité se limitait-elle à un combat contre des seins surdimensionnés?» Sur une note positive, ces épreuves qu’elle traverse la rapprochent de sa sœur Julie, qui l’accompagne tout au long du processus qui la mènera vers les seins parfaits.

L’auteure nous offre ce récit dans un rythme rapide. Chaque chapitre est comme un court épisode, parfois drôles, parfois tristes, de la vie de la protagoniste. Par ailleurs, l’esprit du roman n’est pas sans rappeler La liste de mes envies de Grégoire Delacourt. Caroline Duval est sans doute simplement une version un peu moins sage de Jocelyne, la désormais célèbre mercière d’Arras.

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