«Détruire tous les monstres» de Grady Hendrix – Bible urbaine

LittératurePolars et romans policiers

«Détruire tous les monstres» de Grady Hendrix

«Détruire tous les monstres» de Grady Hendrix

Une histoire de vendetta pour les fans de musique heavy métal

Publié le 11 août 2021 par Éric Dumais

Crédit photo : Sonatine Éditions

Vous êtes un.e fan de musique heavy métal? Ça tombe bien, car le plus récent roman du New-Yorkais Grady Hendrix, auteur d’Horrorstör (2015), est publié pour la première fois chez Sonatine Éditions, une maison d’édition française que je respecte beaucoup, et dont la collection regorge d’ouvrages de qualité, surtout en matière de thrillers.

Vous êtes plus ou moins adepte du genre? Bien honnêtement, vous risquez d’avoir un peu moins de fun à apprécier Détruire tous les monstres, car au-delà de cette histoire de vendetta qui oppose les membres fondateurs du controversé groupe (fictif) Dürt Würk, la guitariste Kris Pulaski (guitariste) et le chanteur Terry Hunt, Hendrix – s’il n’est pas né pour apprécier le rock ‘n roll, lui! – s’est fait plaisir en rendant hommage au heavy métal, avec force références, réelles comme fictives, extraits d’entrevues, bulletins d’actualité et anecdotes croustillantes.

Au fil des chapitres, chaque titre correspond à la traduction française* d’un titre d’album phare de la scène heavy métal, de Venom, Iron Maiden, AC/DC, Twisted Sister, Metallica, KISS et j’en passe (31 en tout!) Une note en bas de page vous fournit les détails succincts pour chacun (titre de l’album, nom du groupe et année de parution). Personnellement, j’ai adoré le clin d’œil à Dolly Parton à la page 255, avec son album Little Sparrow. Je vous le dis, c’est la seule référence à une chanteuse country que vous retrouverez dans ce récit!

Détruire tous les monstres n’a donc pas l’ambition d’être une Bible du heavy métal, et c’est bien correct, mais c’est clairement un livre qui rejoindra davantage les cordes sensibles des adeptes du genre.

Car en plus, en fin de chapitre, on retrouve systématiquement un extrait radiophonique où l’auteur, aussi journaliste et critique littéraire dans la vie, en profite pour donner la parole aux chaînes de radio américaines, spécialisées dans le hard rock, pour servir son récit, d’une part – notamment toute la controverse autour de Dürt Würk et de Koffin, qui se prépare pour le grand retour de Terry Hunt, l’idole de tous les temps – ou simplement pour raconter des anecdotes qui font sourire.

Glady Hendrix propose ici un roman destiné d’abord et avant tout aux mélomanes, mais là où le bât blesse, à mon avis, c’est au niveau de l’évolution de l’intrigue, car le fantastique vient cogner à la porte et il n’avait guère était invité! Je l’avoue, j’ai été un brin déçu, car on m’avait vendu une vengeance purement œil pour œil, dent pour dent en quatrième de couverture, et je ne m’attendais pas à ce que la protagoniste Kris Pulaski doive affronter un Terry Hunt ayant passé un «pacte avec le Diable» pour devenir le musicien le plus respecté (et le plus puissant) de la planète.

Qu’à cela ne tienne, même si je m’attendais à un thriller pour les durs à cuire, j’ai néanmoins trouvé mon plaisir à suivre Kris jusqu’à Las Vegas, où elle devra jouer du coude pour accéder à la scène du Hellstock ’19 et tenter de vaincre son ennemi juré! Heureusement qu’il y a certaines scènes gores qui m’ont donné l’adrénaline nécessaire pour me rendre jusqu’à la fin, au final!

Au-delà de l’histoire, qui se résume bien vite, j’ai particulièrement apprécié, en toile de fond, la critique sociale de ces êtres opprimés qui travaillent durement pour se tailler une place dans notre société. Le personnage de Kris représente la création à l’état pur, celle qui vient des entrailles, tandis que celui de Terry rime avec pouvoir, convoitise et violence.

Pour ceux qui trouvent que musique heavy métal et fantastique font bon ménage – j’ai justement eu un son de cloche durant ma lecture! – ça m’a rappelé qu’à l’été 2020, j’ai lu un ouvrage fort appréciable et similaire d’un auteur québécois, Jonathan Reynolds, qui a livré, du côté d’Alire (Patrick Senécal, Jean-Jacques Pelletier, Éric Gauthier) un véritable hommage au heavy métal avec son premier roman Abîmes.

*J’ai ajouté volontairement une astérisque aux mots «traduction française» ci-haut, car à la tonne de paroles que Grandy Hendrix nous sert à travers Détruire tous les monstres –honnêtement, les paroles entières de l’album Troglodyte de Dürt Würk y passe! – l’effet de chacun d’entre elles aurait été plus «percutant» en langue anglaise. Vous vous imaginez lire les paroles de Black Sabbath en français? Voilà, moi non plus!

«Détruire tous les monstres de Grady Hendrix, Sonatine Éditions, 360 pages, 39,95 $.

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