«De la honte à la fierté» de Michel Dorais – Bible urbaine

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«De la honte à la fierté» de Michel Dorais

«De la honte à la fierté» de Michel Dorais

Tout est encore loin d'être rose pour les jeunes homosexuels québécois

Publié le 30 mars 2014 par Camille Masbourian

Crédit photo : VLB Éditeur

Même si la réalité des jeunes homosexuels québécois s’est grandement améliorée avec les années, tout n’est pas toujours simple pour eux. Quels sont leurs questionnements, leurs angoisses, leurs peurs, leurs plans d’avenir? Dans De la honte à la fierté, Michel Dorais mène une enquête auprès de 250 jeunes LGBTQ (lesbiennes, gais, bisexuels, transsexuels, transgenres ou en questionnement) et les interroge sur leurs habitudes, leurs amours, leurs relations avec leur famille, leurs amis et leurs collègues de classe ou de travail. Ces jeunes, âgés de 14 à 21 ans, se livrent (anonymement) à toutes sortes de confidences, certaines plus troublantes et percutantes que d’autres, et qui laissent comprendre que tout est encore loin d’être rose pour eux.

On apprend quelques informations intéressantes en lisant cet ouvrage. Les meilleures viennent généralement des jeunes répondants eux-mêmes, lorsqu’on nous transcrit des extraits de leurs réponses. On sent vraiment qu’ils se sont ouverts sans gêne et surtout sans peur d’être jugés lorsqu’ils ont répondu à la quarantaine de questions préparées par Michel Dorais et son équipe. Il est notamment très intéressant et touchant de lire leurs souhaits futurs en ce qui concerne l’avenir de la «cause homosexuelle». «Je pense qu’il faut cesser de se concentrer sur «l’absence de choix» de l’orientation sexuelle lorsqu’on fait des campagnes de sensibilisation pour plutôt se tourner vers l’argumentation éthique, en invoquant les valeurs d’égalité et le respect de ce que peuvent ressentir deux adultes l’un pour l’autre. On martèle l’argument du déterminisme biologique sans se rendre compte que cela équivaut à dire «c’est pas de ma faute». On reste dans une dynamique qui ne mènera jamais à l’acceptation, seulement à la tolérance», dit par exemple un garçon de 20 ans.

Intéressant également d’apprendre qu’il semble exister plus de préjugés envers les jeunes lesbiennes que les homosexuels. Ce sont souvent les filles qui avaient les commentaires les plus durs, celles qui semblaient les plus malheureuses ou pour qui le coming out avait été le plus difficile. Plus difficile même que pour les quelques répondants transgenres ou transsexuels qui se sont décrits de sexe «autre» (ni homme, ni femme), et envers lesquels il existe pourtant encore beaucoup plus de préjugés qu’envers les homosexuels.

Cependant, mis à part ces quelques informations intéressantes, on n’apprend pas grand-chose d’autre. Beaucoup de réponses sont relativement évidentes, comme le fait qu’il est souvent plus difficile d’être un jeune homosexuel et de s’affirmer et s’assumer dans les petits villages de campagne que dans les grandes villes. En dehors des grands centres, les ressources sont également plus limitées. De plus, le texte est parsemé de graphiques et contient énormément de statistiques, ce qui ne rend pas toujours la lecture plus lourde.

Il aurait été intéressant de lire plus de témoignages, et un peu de moins de données statistiques. Ou du moins, on aurait pu passer moins de temps à détailler dans un texte les résultats qu’on peut voir dans le graphique qui se trouve au haut de la page. L’information est souvent redondante, malheureusement. À qui s’adresse donc ce livre? Probablement plus aux enseignants et intervenants dans les écoles où, aux dires des répondants, les ressources devraient être plus nombreuses et la sensibilisation plus grande.

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