LittératurePoésie et essais
Crédit photo : Éditions du Boréal
Dans cette petite brique de plus de 400 pages, Dominique Lebel décrit le quotidien et les difficiles décisions de Pauline Marois, la première ministre pour qui il est revenu en politique après avoir été à l’agence de communication et de marketing Cossette pendant une décennie.
Il la suit dans tous ses déplacements: voyage à Davos, à Édimbourg, au Mexique, lors de négociations avec des compagnies minières, lors de la tragédie de Lac-Mégantic. Au fil des pages, on apprend à découvrir la personnalité de Pauline Marois, qu’il appelle respectueusement Madame, une référence assez claire au surnom élogieux de Jacques Parizeau. On sent le respect, mais aussi la drôle de distance.
Dominique Lebel en décrit un portrait positif, mais note aussi ses faiblesses, comme lorsqu’elle parle trop longtemps et se perd dans ses idées quand elle est fatiguée. Compréhensible. Rien de bien méchant et aucune révélation vraiment croustillante ne ponctuent ce livre qui se veut pourtant un récit dans «l’intimité du pouvoir». Le conseiller politique prend la peine de préciser que tous croient qu’ils sont dans le secret des dieux, mais qu’il n’y en a pas.
L’écriture est brève, presque sténographique, et très directe. Les phrases sont très courtes, parfois deux mots. Le style se veut percutant, direct, mais il est surtout sec et agaçant. Après une vingtaine de pages, on s’énerve, mais Dominique Lebel allonge et étoffe son style au fil des pages, ce qui s’avère un véritable soulagement. Les descriptions souvent très courtes laissent parfois sur notre faim.
Ce qui ressort surtout de ce compte rendu de dix-huit mois de pouvoir, c’est à quel point être chef de gouvernement demande de donner de la tête absolument partout. Le lecteur est carrément étourdi par la quantité d’appels, de rencontres, de questions et de dossiers à gérer. On ressent très bien que la politique, c’est l’art de gérer ses priorités. On se demande même comment l’homme ou la femme à la tête de l’État réussit à garder la tête hors de l’eau.
La fin de ce journal est difficile, aigre même, à l’image de la défaite au terme de la campagne électorale devenue un référendum sur un éventuel référendum. Il n’y a aucun épilogue pour tenter de faire avaler la réalité crue. Le moins qu’on peut dire, c’est que Dominique Lebel ne jette pas de blâme, mais il ne porte pas de lunettes roses non plus.
Intéressant, mais pas extraordinaire, Dans l’intimité du pouvoir est assez convenu. C’est une lecture d’intérêt pour les mordus fous de politique, mais loin d’être un incontournable. Il a au moins le mérite de documenter les mois au pouvoir de la première femme à la tête de l’État québécois.
«Dans l’intimité du pouvoir» de Dominique Lebel, Éditions du Boréal, 440 pages, 29,95 $.
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de la rédaction