«Dans la peau de...» Simon Lafrance – Bible urbaine

LittératureDans la peau de

«Dans la peau de…» Simon Lafrance

«Dans la peau de…» Simon Lafrance

«J’aime pas ça, le mot «écrivain». Ça sonne frais-chié!

Publié le 29 avril 2016 par Éric Dumais

Crédit photo : Pat Bélisle Photo et Les Éditions Goélette

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur de se glisser dans sa peau, l’espace d’un instant. Cette semaine, nous avons interviewé notre ex-collaborateur Simon Lafrance, qui a depuis son départ publié un thriller intitulé Comment j'ai appris à tuer et appris à détester le mot «écrivain».

1- Le 1er avril dernier, tu dévoilais les couleurs de ton tout premier roman intitulé «Comment j’ai appris à tuer» aux Éditions Goélette. Depuis combien de temps travailles-tu sur ce livre et qu’est-ce qui t’a motivé à écrire un thriller noir empreint d’ironie et d’humour?

«Si on exclut le processus d’édition, l’écriture du tapuscrit s’est faite par périodes. Un peu en 2012, un peu 2013, pis je l’ai terminé en 2015 entre deux contrats. Bout à bout, je dirais que c’est cinq mois de travail. Après ça, en édition, la réécriture a duré un autre deux mois.»

«Côté motivation, je te dirais que j’ai deux-trois synopsis en tête qui méritent un meilleur auteur que moi. Alors, j’ai voulu m’amuser dans un genre littéraire que je connaissais bien pour développer ma plume et prendre de l’expérience. Pour moi, c’est pas un thriller à prendre trop au sérieux. Mon personnage comprend les codes d’une enquête bien ficelée et il veut que son histoire soit intéressante à conter, alors il va activement se chercher un love interest, un ennemi juré, etc. En mon sens, on est plus proche de la satire que de l’ironie.»

2- Dans cette histoire, ton protagoniste Éric Delacroix rêve de grandeur et décide de tuer des gens pour laisser ses traces. N’aurait-il pas pu devenir médecin pour sauver des vies ou artistes-peintres pour égayer l’imaginaire, à la place?

«Selon mon personnage, il aurait tout essayé ça sans jamais se démarquer. D’après moi, il a pas dû essayer très fort, mais bon. À partir de là, qu’est-ce qu’on voit dans les journaux? On voit les Guy Turcotte, les Magnotta, les 56 tueries, etc. On donne tellement de place aux tireurs fous pis aux criminels, c’est pas très sain. Du côté de la fiction, on sent aussi une fascination pour les vilains et les antihéros. Il y a eu Dexter, Walter White, Don Draper, Hannibal… même les séries de superhéros comme Daredevil ou Jessica Jones rendent leurs vilains plus intéressants que leur supposé personnage principal.»

«Donc… À une époque où on est défini par le nombre de «J’aime» sur notre page Facebook, on fait comment pour faire la une si on se trouve aucun talent? On apprend à tuer.»

3- Histoire de nous aiguiller un peu plus sur ta démarche d’écriture et sur ton intention de départ, quelles émotions crois-tu que ton lecteur va vivre (ou lesquelles espères-tu qu’il vive!) lors de sa lecture?

«Comme je l’ai dit en ouverture, pour moi, c’était vraiment juste un trip, un vieux fantasme du petit nerd à lunettes que j’étais. Si ça fonctionne pis que j’ai la chance d’en publier d’autres, je commencerai à penser à ce que je veux transmettre. D’ici là, il y a mille raisons d’aimer Comment j’ai appris à tuer, pis il y en a mille autres de pas l’aimer non plus. La gang à l’édition a eu un gros coup de cœur sur mon personnage de tueur, mais moi, ça a pas de bon sens comment il m’énerve. Il y a pas de bonne ou de mauvaise perception.»

«Mais pour vous donner une idée de mon processus, le rythme est très important. Je regarde plus de films et de séries à la télévision que je lis de livres. Je dirais même que je suis un assez mauvais lecteur, je voulais pas écrire un livre que je serais pas capable de lire moi-même. Ça fait que j’ai créé un personnage plus pragmatique, moins sentimental. Ses actions vont le transformer, c’est évident, mais disons que c’est pas le genre de narrateur qui va prendre trois pages pour s’attacher les souliers!»

4- Dans tes temps libres, tu essaies autant que possible de garder un pied (juste un!) dans le milieu de l’humour, car tu as étudié à l’École nationale de l’humour. Comme on est vendredi, peux-tu nous conter une petite joke sur le fly?

«Oh boy! Les one-liners n’ont jamais été mon fort. Mais maintenant, les animateurs de soirées me présentent comme un écrivain, pis j’aime pas ça, le mot «écrivain». Ça sonne frais-chié. Quand j’entends un auteur dire qu’il est écrivain, je me dis tout de suite que ce gars-là doit se masturber devant un miroir…»

«En même temps, dire que je suis «auteur», c’est un peu vague. On pourrait penser que je suis un blogueur pis, prends-le pas mal, Éric, mais le blogueur est aux auteurs ce que l’escorte est aux prostituées: oui, votre linge est plus à la mode, mais clairement, on suce plus fort.»

«Tu vois? Ça, c’est un de mes bits. Mais c’est pas mal plus qu’une ligne…»

5- En 2015, tu as été collaborateur durant quelques mois à la Bible urbaine et tu as décidé de nous quitter pour vaquer à tes occupations. Depuis, on t’a certes pardonné, mais à quoi occupes-tu ton temps désormais que tu fais bande à part?

«Pour être honnête, j’ai pas l’impression de faire grand-chose, c’est ça le problème! Des amis humoristes m’envoient leurs textes, j’ai un podcast sur la glace, un premier roman à promouvoir pis un deuxième à terminer… Quand je sais pas où donner de la tête comme ça, je me mets en bobettes pis je joue à Witcher 3. C’est vraiment bon Witcher 3… Bref, c’est un peu pour ça que j’ai dû arrêter mes collaborations à la Bible urbaine: quand Goélette m’a appelé, j’ai compris que je devrais m’investir à 100% dans moins de projets à la fois. À date, ça paye.»

«Oh, mais tu voulais que je parle de ma bande dessinée, non? Je l’ai intitulée Descends sur Terre, parce que j’aime pas beaucoup l’apitoiement. Dans ma tête, on a tous traversé des épreuves différentes, pis je pense qu’il faut apprendre à en rire un peu au lieu des comparer. Mes «dessins» sont horribles, mais il y a quelques bons gags. Je suis satisfait si un des personnages pleure à la fin.»

Pour consulter nos chroniques «Dans la peau de…», suivez le labibleurbaine.com/Dans+la+peau+de…

L'événement en photos

Par Pat Bélisle Photo et Les Éditions Goélette

  • «Dans la peau de…» Simon Lafrance
    Couverture du roman «Comment j'ai appris à tuer» aux Éditions Goélette
  • «Dans la peau de…» Simon Lafrance
    «Maintenant, les animateurs de soirées me présentent comme un écrivain, pis j’aime pas ça, le mot «écrivain».
  • «Dans la peau de…» Simon Lafrance
    Extrait de la bande dessinées «Descends sur Terre»
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    Extrait de la bande dessinées «Descends sur Terre»
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    Extrait de la bande dessinées «Descends sur Terre»

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