«Dans la peau de…» Marjorie Armstrong, une autodidacte de nature (aussi scénariste et comédienne!) – Bible urbaine

LittératureDans la peau de

«Dans la peau de…» Marjorie Armstrong, une autodidacte de nature (aussi scénariste et comédienne!)

«Dans la peau de…» Marjorie Armstrong, une autodidacte de nature (aussi scénariste et comédienne!)

Une plongée dans la trentaine et ses insécurités avec l'autofiction «Mistassini»

Publié le 5 mai 2022 par Éric Dumais

Crédit photo : Katya Konioukhova

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Aujourd'hui, on a jasé avec la Montréalaise Marjorie Armstrong, une autodidacte de nature qui s'est forgée un nom dans le milieu du cinéma comme scénariste et au petit écran comme comédienne. Aujourd'hui, elle peut dire qu'elle a trouvé l'équilibre parfait dans son métier, alors qu'elle a dévoilé, le 27 avril, «Mistassini» (Éditions XYZ), une première autofiction sur la trentaine et les (nombreuses) insécurités qui en découlent.

Marjorie, c’est un réel plaisir de faire ta connaissance! Pour ceux qui ne te connaissent pas (encore, du moins!), tu es une scénariste et comédienne montréalaise, tu as fait tes études universitaires en communication et en psychologie, et le grand public a pu t’apercevoir, à la télévision, dans Doute raisonnable, N.O.U.S. et L’homme qui aimait trop. Dis-nous: c’est à quel moment de ta vie que tu as su que le cinéma, l’écriture et toi, ça ne faisait qu’un?

«Enchantée! J’ai commencé à écrire des nouvelles érotiques pour les blogues Jesuisvenu.com et thisisbetterthanporn. Je suis tombée en amour avec le style court et punché de la nouvelle, ce qui m’a amenée à vouloir écrire un court-métrage.»

«En tant qu’autodidacte, je n’avais aucune idée de comment fonctionnait les démarches à entreprendre pour créer un film, donc j’ai écrit un courriel en décrivant mon idée au seul producteur que je connaissais grâce à 2 filles, 1 balle (Kino, Balle courbe). Il a trouvé que l’idée était bonne et voyait assez de matériel pour en faire plutôt une websérie. C’est comme ça qu’est née L’arène (Télé-Québec).»

«J’ai appris sur le tas, mais toujours en m’entourant de gens expérimentés qui ont eu la gentillesse et la patience de me guider à travers l’écriture de scénario, par exemple en m’apprenant comment travailler avec le logiciel Final Draft.»

«En fait, la première personne à qui je dois mon entrée dans le monde de l’écriture grâce à un classique “T’es pas game d’écrire une nouvelle érotique” est le même qui a été mon premier conseiller à la scénarisation. Je salue mon ami Éric K. Boulianne qui s’illustre maintenant comme scénariste bien accompli dans le milieu!»

«L’idée du roman est venue bien plus tard lorsqu’une certaine Myriam Caron Belzile m’a écrit en me proposant une bière et une frite – comment dire non? – pour jaser de ce qui traînait comme projets dans mes dossiers d’ordinateur…»

Avec ta websérie L’arène, où tu tiens le rôle principal, et avec les récompenses reçues (finaliste prix Gémeaux 2018, Meilleure série digitale du Festival Canneseries, Meilleure websérie du Festival de Larochelle), sans oublier SDR, une adaptation au format court-métrage de ta nouvelle Est-ce qu’on se sépare? (Québec Amérique), on peut dire que tu es bel et bien à ta place! Est-ce un défi, pour toi, de passer de l’arrière-scène (l’écriture) au-devant de la caméra (le jeu)?

«Je dirais que l’un va bien avec l’autre. Être comédienne m’aide à écrire des dialogues réalistes, car lorsque je les écris je pense souvent aux acteurs qui auront à les dire. Je les lis souvent à voix haute pour voir comment ça sonne.»

«Sinon, comme comédienne, c’est satisfaisant d’avoir l’occasion de jouer ses propres textes, comme dans L’arène, par exemple. Premièrement, les dialogues sont plus faciles à apprendre et la mise en bouche est tout de suite naturelle. J’adore jouer les textes des autres aussi, c’est toujours gratifiant de se faire choisir pour participer à un projet!»

«Alors, pour répondre à la question, je ne dirais pas que c’est un défi, mais plutôt un beau complément. Je ne pourrais pas vivre de mon métier si je ne faisais pas les deux. Écrire, tout comme jouer, me demande des aptitudes différentes. Avec l’écriture, je peux travailler de partout, quand je veux; c’est une liberté qui n’a pas de prix. Lorsque je me retrouve sur un plateau de tournage, ça me rappelle toujours à quel point ce métier me fait vibrer, mais je ne pourrais pas être uniquement comédienne à temps plein. Attendre que le téléphone sonne, attendre de savoir si on a eu le rôle ou non, ou si on est sélectionné.e en call back, ça m’est insupportable.»

«Je suis une impatiente qui aime être dans l’action, c’est donc un peu ce qui me pousse à créer mes propres projets.»

Le 27 avril, les Éditions XYZ ont dévoilé Mistassini, ta toute première œuvre de fiction. À travers cette histoire poignante, tu nous présentes Margot, une actrice de théâtre qui semble bien gagner sa vie, trouver ses aises dans son couple, et qui sait bien s’entourer, aussi. Pourtant, elle reste persuadée «de voir le train de la vie adulte accomplie passer sans avoir sa carte d’embarquement»… D’où t’est venue l’idée pour cette histoire? Parle-nous brièvement de ta protagoniste, qu’on a presque envie de serrer dans nos bras!

«En fait, la quatrième de couverture joue un peu avec le sarcasme. Margot en arrache; sa carrière ne lève pas, son chien est mal élevé (même si elle l’aime plus que tout) et on se rend compte que son couple bat finalement un peu de l’aile, pendant que ses amis semblent bien installés dans la vie adulte.»

«Le personnage de Margot est une autofiction, je me suis inspirée de la Marjorie de 27-28 ans. Après l’université, j’ai décidé de lâcher ma job pour m’essayer en jeu, c’est-à-dire me trouver un emploi en restauration, me trouver une agence et essayer de tourner le plus possible pour accumuler des points UDA. À ce moment-là, mes amis entamaient une carrière, une maîtrise (où un d’entre eux était accepté en médecine, par exemple). Certains couples commençaient à parler d’enfants, j’avais peur que les choses changent. Je me demandais tout le temps si c’était le dernier été que nous allions passer juste entre amis…»

«Bref, l’arrivée dans la trentaine, donc les choix et les insécurités qui viennent avec, ç’a été ma principale source d’inspiration. Les émotions qui se dégagent du roman font écho à une réalité, mais ce qui se passe a été enjolivé ou défiguré par la fiction.»

Mistassini_couverture_Marjorie-Armstrong

Bien vite, au fil des pages, on en vient à comprendre qu’en fait, Margot, elle est douée pour maquiller la réalité! Mais son petit jeu est bien sûr à double tranchant, car en s’entourant d’ami.e.s qui ont beaucoup plus de succès qu’elle, sa chute pourrait être bien plus vertigineuse encore… Sans trop nous dévoiler de punchs, peux-tu au moins nous dire ce qu’elle aura à traverser, histoire de nous donner l’eau à la bouche?

«À tant vouloir que les choses ne changent pas, c’est elle qui fera dévier le train hors des rails. Elle vit tout intensément et elle est spontanée, c’est pourquoi elle prend parfois des décisions sur le coup de l’émotion.»

«J’ai beaucoup aimé jouer avec le narrateur non fiable, c’était amusant de raconter l’histoire par la bouche de Margot. Elle ne dit pas toujours tout, donc certaines trames prennent du temps avant de se clarifier, notamment avec l’histoire de l’incendie. Je pouvais me permettre d’omettre certains détails, ou justement de maquiller la réalité.»

«Le retour à la ville sera difficile pour Margot. Elle sera en effet confrontée à plusieurs événements qui la forceront à se remettre en question. Elle devra faire des choix à propos de ce qu’elle contrôle et apprendre à laisser aller ce sur quoi elle n’a pas de pouvoir.»

Et alors, as-tu eu la piqûre de l’écriture de fictions de plus longue haleine? Dis-nous également si tu as d’autres projets sur le feu… On est pas mal curieux d’en savoir plus!

«J’en ai quelques-uns! Je développe actuellement un projet de long-métrage avec Alexa-Jeanne Dubé (comédienne, scénariste et réalisatrice). En parallèle, je finis d’écrire ma deuxième série web P.A.M (production BABEL), qui sera réalisée par Zoé Pelchat. Nous tournerons en septembre prochain! Cette websérie sera diffusée sur le site de Noovo en 2023.»

«Sinon, je suis en développement sur un projet télé avec Zone3, mais comme c’est à l’état embryonnaire encore, je ne peux pas en dire davantage pour l’instant.»

«Sinon, même si je ne pensais jamais dire ça pendant l’écriture de Mistassini, on dirait que l’envie est bien présente pour l’écriture d’un second manuscrit. En gros, il me reste beaucoup de choses à dire et à écrire!»

Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec Les Éditions XYZ.

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début